lundi 23 avril 2007

Ecrire pour Exister



Non ça n'est pas une citation qui m'est soudainement venue... c'est un film, dont voici ma petite analyse... ma note : 14/20

Artistiquement :

Décidément Hilary Swank sait choisir ses scenarii !! après « Boys don’t cry », « Million dollar Baby » bien moins bon il faut quand même le signaler et d’autres prestations que je ne cite pas car je ne connais pas, la revoilà dans « Ecrire pour exister »… Et franchement, c’est du béton… bon, certes, il y a un gout de déjà vu fort prononcé quand on connaît le fameux « Esprits Rebelles » De John N Smith avec Michelle Pfeiffer sur la musique de Coolio "Gangsta's Paradise". Et évidemment je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre les 2 films… Esprits Rebelles, si ma mémoire est bonne (1995 quand même, ça fait loin) était plus ciblé sur les latinos et afros, alors que Ecrire pour exister mélange plus la population et ses gangs, latinos et afros sont toujours présents, mais cambodgiens et autres asiatiques font leur entrée sur la scène du melting-pot US… et même un petit blanc !! Ça c’est du nouveau…Par ailleurs, la façon d’amener ces exclus de la société est bien différente et à mon sens plus profonde dans Ecrire pour exister avec la mise en avant des camps de concentration et plus particulièrement le journal d’Anne Franck, pour rappeler l’histoire et combien la situation de ses jeunes, cloitrés dans leur cabale est similaire mais pas irrémédiable… le thème est difficile et à fortiori courageux… l’histoire bien traitée, sans tomber dans les poncifs habituels tout en abordant les problèmes récurrents… Tout comme Esprits Rebelles, Ecrire pour exister est tiré d’une histoire vraie : « Freedom writers Diary » sorti en 1999. Pas de scène dialoguée pour ce film, je n'ai rien retenu d'interpellant ou de suffisamment interessante pour que ça figure ici... Un film à voir…

Techniquement :

Pas de prouesses particulières pour ce film, on ne peut même pas parler d’esthétique, il n’y a rien de bluffant… à présent, tout le monde ne peut pas se targuer d’être bon techniquement, « scénariquement », scéniquement et esthétiquement… là il faudra se contenter d’une histoire très bien racontée…

Résumé :

Erin Gruwell, enseignante novice de 23 ans, a choisi comme premier poste un lycée difficile de Long Beach. Ses élèves l'ignorent superbement et se regroupent en clans, prêts à s'affronter au moindre prétexte. L'ambiance empire au fil des jours, en dépit des efforts sincères et maladroits d'Erin pour prendre en main cette classe d'"irrécupérables".
Un incident mineur met finalement le feu aux poudres, donnant du même coup à Erin l'occasion d'ouvrir le dialogue avec les jeunes. Avec tact et humour, en évitant d'instinct le piège du paternalisme, Erin parvient à instaurer avec la classe un vrai rapport de confiance. Pas à pas, à travers l'usage de la parole puis de l'écriture, elle accompagne ses élèves dans une lente et délicate reconquête de leur amour propre, libérant en eux des forces, des talents et une énergie insoupçonnés...

samedi 21 avril 2007

Aux 2 "Balkanophiles"

cadeau... petite teleportation en attendant les vacances...
c'est par là que ça se passe... mais avant de cliker, fermez les yeux et... météluneté1staltwa !!!!!!
(parce que la vidéo, voilà quoi... et puis il y a un mini bug à la fin de l'extrait... mais bon je l'ai en vrai, donc si vous la voulez... yaka...)
pour ceux qui ne connaissent pas c'est Valia Balkanska (DEmotion Project) - Prituri se planinata
à savoir que c'est cette chanson qui a été envoyée dans l'espace (dans le système d'Aldébaran - je crois ) avec la sonde voyager 2 ( je crois encore) en 1973 (je crois décidément beaucoup) pour annoncer notre présence à d'autres civilisations...

samedi 14 avril 2007

Les enfoirés 2007



1er single de la caravane des enfoirés : "Aimer à perdre la raison" le clip ici
Oui, je peu aimer et L. Aragon/Ferrat et Shakira, et Pierret et Titou le Lapinou... et... et... et encore...
Les paroles
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison

Ah c'est toujours toi que l'on blesse
C'est toujours ton miroir brisé
Mon pauvre bonheur, ma faiblesse
Toi qu'on insulte et qu'on délaisse
Dans toute chair martyrisée

Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison

La faim, la fatigue et le froid
Toutes les misères du monde
C'est par mon amour que j'y crois
En elle je porte ma croix
Et de leurs nuits ma nuit se fonde

Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison

jeudi 12 avril 2007

KRÖSAVE MACHINE (2000)


Les machines à écrire de haut de gamme ou l'ordinateur me tentaient bien… la mémoire, le traitement de texte, les gadgets… mais le coût prohibitif de ces objets fit pencher le choix de mon porte-monnaie pour une modeste machine à écrire, néanmoins électrique, en provenance d'un lointain et sombre pays de l'Est. Je fis une rapide prière aux dieux de la Steppe pour ne pas avoir besoin de pièces de rechange et signai mon chèque. Je me voyais déjà écrivain adulé, riche et enfin reconnu, accumulant des tonnes de papier recouvert de textes sublimes, des éditeurs impatients se déchirant mes faveurs dans le parc de mon château… Je déchantai très rapidement : Le branchement de la prise de courant, non standard aux normes françaises, dut me faire cavaler jusque chez le premier électricien venu.

Je passe sous silence le changement de prise, ce qui n'est pas mon fort, la mise en route laborieuse, les tâtonnements, les erreurs, le mode d'emploi écrit en krösave, russe, bulgare, et serbo-croate.

Enfin, la mécanique se huila, les automatismes se mirent en place, l'homme s'adapta à la machine comme le veut le modernisme, et je fus parfaitement ravi de ma nouvelle acquisition. Je me couchai assez tard ce soir-là, ayant bien des difficultés à me concentrer sur une nouvelle qui traînait depuis longtemps dans mes placards. Je devais l'envoyer à une revue de jardinage en échange d'un chèque qui en couvrirait pratiquement l'acquisition.

J'éteignis soigneusement ma belle machine, la flattai d'une petite tape sur la croupe, puis… dodo !

C'est donc très étonné que le lendemain je retrouvai ma machine allumée !

Tiens… j'avais dû me tromper. Le problème fut que le cas se reproduisit plusieurs fois. Invariablement, le soir, je coupais l'alimentation de la machine et si je ne débranchais pas le cordon, au matin je la retrouvais sous tension, souvent un ou plusieurs caractères tapés sur la feuille oubliée sur le rouleau. Lassé, je finis par rapporter la machine chez le vendeur.

Evidemment… à l'évocation du style de la panne : une machine à écrire qui s'allume et même tape toute seule, je vis l'œil du commerçant s'arrondir, puis un petit sourire poindre à l'évocation de mon activité d'écrivain.

Ayant pitié de moi, il consentit à garder quelques jours à son magasin l'objet au fonctionnement un tantinet anarchique.

Objet, qui, bien entendu, eut le comportement le plus conventionnel qui soit sous sa surveillance. Les enfants ne font jamais de bêtises quand on les regarde ! Trois jours après, je récupérai ma "farceuse" en balbutiant des excuses et des remerciements, puis quittai le commerce sous les regards goguenards de cet imbécile et de sa dinde cuissue de vendeuse en minijupe, qui ferait mieux de soigner son acné. Elle crut bon d'ajouter :

- Il y a peut-être des fantômes chez vous !

Une semaine plus tard, la définition d'une grille de mots croisés attira mon attention : Ville de Krösavie : Bozt.

Bozt, ville de Krösavie… Voilà le genre de définition qui a d'habitude le don de m'agacer, mais là…

Pourquoi donc ai-je tortillé ce mot dans ma tête ?

Bozt… Bozt… Bozt…

J'ai mis plusieurs jours avant de trouver.

Il m'a fallu farfouiller dans ma corbeille à papier et défroisser tous ces papiers chiffonnés.

B… O… Z… T… C'était bien la liste des lettres que ma machine folle m'écrivait lors de son activité nocturne.

La coïncidence était troublante.

Mon atlas ne m'apprit pas grand chose et le commentaire du dictionnaire était des plus succincts. La Krösavie était un infinitésimal pays de montagne habitué à la tyrannie de différents et successifs despotes quand il n'était pas saigné à blanc par un ogre voisin. Microscopique nation où les révolutions alternaient avec les contre-révolutions. En somme, un petit paradis du terrorisme. Bah ! De toute façon, indéniablement, tout ceci ne devait être que le fruit de mon imagination. Ma machine, sans doute de qualité douteuse, devait avoir une soudure mal étamée ou un composant électronique défectueux et de temps en temps… elle déconnait ! De là à lui faire écrire volontairement quelque chose, il y avait une marge. Mais les gens comme moi ont le cerveau un peu bizarrement fait, et c'est armé d'une solide réserve de cigarettes, bières et gâteaux que je m'installai le plus confortablement possible en face de ma machine à écrire pour une nuit en tête à tête.

Heureusement que personne n'était là pour me poser la question :

- Que fais-tu ?

J'aurais dû répondre :

- Hé bien je m'installe en attendant que ma machine veuille bien m'écrire une petite bavette, et de qualité… si possible !

J'ai dû décrocher vers une heure du matin, les tempes douloureuses à force de fixer la feuille désespérément blanche glissée derrière la marguerite.

Mon sommeil fut vaguement dérangé par un léger crépitement dans la nuit.

C'est à sept heures du matin que je me suis réveillé, la nuque sciée par le dossier de mon fauteuil.

Je me suis précipité vers la machine…

Sur la page, un seul mot : Secrouvitch…

Ha çà ! C'était nouveau…

Ma visite à la bibliothèque municipale confirma ce que je savais et supposais. A savoir que Bozt était une petite ville de Krösavie, écrasée par un tyran qui se faisait discret.

Pas de ressources naturelles, pas de pétrole, ni de mines de quoi que ce soit, une pliure de la carte, micro-fief oublié lors du partage du gâteau mondial.

A part cela, le mot Secrouvitch n'évoquait rien. Le plus curieux était que plus je cherchais, m'agitais, tentais de comprendre, moins ma machine se manifestait, comme si d'avoir accouché de ce… Secrouvitch l'avait épuisée.

Je profitai d'un voyage dans la capitale pour aller fouiner chez les bouquinistes des quais et interroger tout le monde sur la Krösavie et un certain Secrouvitch. Après quelques heures de recherches infructueuses, je renonçai. De toute façon, tous m'envoyaient balader avec mes questions auxquelles ils ne pouvaient répondre, et c'était bientôt l'heure de mon train…

Un homme caché dans un lourd manteau me bouscula…

Un chapeau sale masquait le haut de son visage, il marmonna avec un épouvantable accent quelque chose où je compris vaguement le mot Krösavie.

- Oui oui ! Je cherche des renseignements sur la Krösa…

Le manteau me donna une telle bourrade dans les côtes pour me faire taire que j'en eus le souffle coupé.

- Ce soir… Dix heures… rocailla-t-il…

- Oui, c'est entendu… dix heures… ce soir… Mais où ? Monsieur… Où est-ce… Monsieur…

La forme sombre s'était laissée avaler par la foule.

Haaa… Enfin j'allais savoir ce qui… Mon train ! J'allais rater mon train ! Tant pis… je rentrerai demain.

Onze heures du soir !

Cela fait une heure que mon estomac de provincial tortille en vain ce hamburger américano-parisien.

J'ai cru voir mon conspirateur à plusieurs reprises mais à chaque fois, il a filé comme une anguille.

Une heure du matin !

J'en ai marre ! J'ai froid, mal aux pieds, le nez qui goutte… Mon estomac a eu raison du mastic qui l'encombrait mais… je déclare forfait.

Le pire est que je sens l'homme me tournicoter autour, mais il refuse obstinément le contact.

Allez…il suffit !

Je hèle un taxi qui a la grâce de s'arrêter à mon premier geste.

Le chauffeur immobilise son véhicule à ma hauteur et entrebâille sa portière arrière. Au moment de monter dans la voiture, je m'empêtre les pieds dans quelque chose de mou et m'étale sur le trottoir, ma tête ne manquant pas de heurter violemment la portière ouverte du taxi.

Prévenant, le chauffeur est venu ramasser mes miettes :

- Tout va bien Monsieur ? C'est votre sac… là ! Vous vous êtes pris les pieds dedans.

- Heu… mon sac… Quel sac ? Je n'avais pas de sac… Mon sac… Ha oui… !

- Tenez… le voilà. Où allons-nous ?

- Gare de l'Est. Il y aura bien des hôtels encore ouverts malgré l'heure n'est-ce pas ?

- Certainement Monsieur.

Je revins doucement à la réalité, sortant lentement de mon presque évanouissement, je me calai dans le taxi et eus le temps d'apercevoir derrière une voiture la forme sombre de l'homme…

Haaa… L'animal… Il savait bien se cacher…

Il sortit la main de sa poche et me fit un petit geste étrange à hauteur de sa hanche ! Je farfouillai dans le grand sac en plastique noir. Mais qu'était-ce donc que tout ce fatras ?

Des revues jaunies, des prospectus mal imprimés, de vieux livres.

Dans le sombre habitacle du taxi, je pouvais à peine lire les textes, mais je vis bien qu'ils étaient écrits en une langue étrangère.

Une sorte de livre épais aux pages cornées pesait lourd dans ma main, je n'arrivais pas à déchiffrer l'intitulé de la couverture crasseuse.

Je bouillais d'impatience en débarquant à l'hôtel. Je m'enfermai dans une chambre en commandant du café.

Je feuilletai le gros livre.

Un dictionnaire… C'était un dictionnaire !

A force de gratter la couverture, je parvins à en éclaircir le titre :

- KRÖSAVE-FRANÇAIS

Génial !

Je souris en pensant que l'éditeur de ce dictionnaire n'avait pas dû faire fortune grâce à la diffusion de cet ouvrage.

Je tournai les pages une à une, lisant les mots en Krösave sagement alignés ainsi que leur équivalent en Français.

Rapidement, ma lecture me fit tiquer… Quelque chose n'allait pas…

Les mots français comportaient des fautes d'orthographe… La marge ondulait… Les mots s'alignaient en un ordre alphabétique parfois… désordonné !

Hum ! Pas très sérieux pour un dictionnaire…

C'est alors que je fis une effarante constatation :

Ce dictionnaire était écrit à la main !

Quel travail de bénédictin !

Boulot de fourmi laborieuse, des centaines de pages d'une petite écriture serrée.

Quelle aveugle confiance dans la nation française devait avoir celui qui s'était engagé à réaliser ce travail de titan.

J'eus un vertige en pensant à l'homme qui m'avait confié un tel trésor. Il était impossible de décevoir sa confiance.

Mais qu'attendait-il de moi ?

Toute la nuit, je me familiarisai péniblement avec cette langue, traduisant confusément les prospectus.

Par des incitations à la révolte, au soulèvement, une espèce de brochure propagandiste racontait la Krösavie.

Industrie tristounette, un peu de bétail… et pas du gras… un soupçon de métallurgie et beaucoup de misère, de tristesse et d'exploitation de l'homme.

Juste un petit moment de plaisir lorsque je lus la description du salut pratiqué couramment en Krösavie : un petit geste des doigts en mettant la main à hauteur de la hanche. Celui que j'avais vu l'homme faire à mon adresse alors que je m'éloignais dans le taxi.

Ma studieuse nuit blanche à l'hôtel m'avait abruti. Un peu plus et je ratais le train du matin, le nez encore plongé dans les documents précieux.

Je n'eus que le temps de grimper dans le wagon, la portière claqua sur mes talons. Je promenai un regard embrumé sur le quai qui défilait de plus en plus vite devant moi.

J'écarquillai les yeux de surprise !

L'homme en sombre était là… au bout du quai… la main à hauteur de la hanche ! La durée du voyage me permit d'approfondir mes connaissances sur la Krösavie. Quelle honte ! Quelle désertion des grands, des nantis, des puissants ! La France n'étant pas la dernière dans la course à la lâcheté, s'élevant devant l'injustice puis retombant mollement sur elle-même, tel un fruit pourri. Le courage des krösaves me bouleversa.

Dans la liasse de papier se trouvaient quelques journaux datant d'une année environ. Des lieux et dates de fêtes étaient mêlés aux louanges du parti.

Il me fallut quelque temps pour discerner les journaux de l'opposition de ceux de l'Etat. Un détail m'aida dans la différenciation : la qualité du papier plus mauvaise pour ceux de la subversion, bien entendu.

Je découvris aussi un long texte manuscrit, corrigé et recorrigé, soigneusement annoté. L'écriture était ronde, propre, ordonnée… et hélas… krösave ! Je traduisais très méthodiquement, cherchant chaque mot dans le fameux dictionnaire manuscrit, laissant des blancs pour ceux introuvés que je supposais être des verbes conjugués, je les cherchais sous des formes avoisinantes dans le dictionnaire. Ce travail se poursuivit jusqu'à la maison.

J'avais remarqué, dans les journaux officiels, de la publicité pour de la vodka. Cette fois, je suivis le conseil et dégottai une bouteille entamée dans le fond du placard de la cuisine. A force de patience, les blancs dans le texte disparurent de plus en plus et même si la syntaxe aurait fait frémir un professeur de français, les lignes devinrent lisibles… lisibles et compréhensibles… et même très compréhensibles. Le poignant du choix des mots, des adjectifs, l'émotion dans l'utilisation des verbes, même la ponctuation étaient soignés. Tout ceci rendait la lecture éprouvante tant je me sentais ému, enthousiasmé et transporté. Des larmes de colère, d'indignation et d'impuissance mouillèrent ma lecture. Les phrases volaient, agressives, telles des armes de jet lancées sur l'oppresseur. De la feuille silencieuse hurlait la détresse de tout un peuple. Puis le néant… le vide… le noir ! Fin du texte ! C'était effrayant… Le sublime du texte fauché en plein élan. Il manquait la conclusion… l'exhortation au combat… le cri de guerre qui allait déclencher la curée. Non, il n'y avait plus rien… J'étais épuisé.

Mon travail de traduction était certainement responsable de ma fatigue sans doute amplifiée par la bouteille de vodka que je consumais à petit feu.

A la dernière page de cette diatribe, un nom, une signature : Secrouvitch.

Nom de nom ! C'était le nom qu'avait tapé ma machine !

Et ce Secrouvitch était l'auteur de ces pages… Comment ma machine à écrire avait-elle un lien avec cet auteur ? Comment avait-elle pu écrire spontanément son nom ? Je nageais en plein délire !

Une idée me vint. Je cherchai dans les journaux le nom de la ville de Bozt.

Effectivement, plusieurs fois, le nom de la ville apparut. Il était fait mention de kermesse ou de distribution de denrées alimentaires… Rien de bien intéressant… Puis, sur le dernier journal… évidemment… je trouvai à la rubrique de Bozt, au milieu d'une phrase, le nom de Secrouvitch !

J'avais trouvé ! Eurêka ! Restait à traduire…

J'étais tellement excité que je n'y parvenais plus, cherchant les mots dans le désordre, me trompant, recommençant, puis… progressivement… la lumière se fit. Voici la traduction de l'article du journal krösave, du moins ce que j'avais compris malgré l'absence de beaucoup de mots :

- Dans les… Golog… Le… Secrouvitch… mourir.

Mon sang se glaça !

Diablerie de dictionnaire incomplet, surtout que je ne sais pratiquement pas l'utiliser. Mais je comprenais le sens de l'article : Le dissident Secrouvitch, après avoir tenter d'échapper à la police, s'était donné la mort.

De quelle façon ? Mystère ! Pourtant cela devait avoir une importance primordiale. Je le sentais… Folost Golog…

C'était les bureaux Golog… Les magasins Golog… La maison Golog… Ou… Je ne savais pas… Rien dans le dictionnaire à Folost… Mais que voulait donc dire ce mot…

C'est alors que ma machine s'alluma toute seule ! Comme ça ! Devant moi ! Elle tapa :

- VA

Va en krösave veut dire : oui.

Elle insista :

- VA VA VA VA…

C'est à dire : Oui oui oui oui…

Je me pris la tête dans les mains :

- J'ai compris… Oui oui oui oui… et alors… Que veux-tu me dire ?

- VA VA VA VA…

- Arrête !

J'éteignis la machine et me morfondais longtemps en la contemplant.

Elle se remit en route !

Elle imprima simplement :

- AV

- Ah ! C'est nouveau ! Pourquoi écrire av pour va de toute évidence… Pourquoi à l'envers ? A l'envers… Pourquoi… A l'envers…

Pris d'une inspiration subite, je retournai ma pauvre machine à écrire qui n'eut pas le temps de se plaindre, pour découvrir rapidement en-dessous une petite plaque métallique sur laquelle était gravé : Tolost Golog.

Tolost au lieu de folost !

Un T en lieu et place du F.

Une erreur d'impression… Une faute de frappe… Une coquille…

Je ramais dans ma traduction et le dictionnaire depuis des heures à cause de la maladresse d'un typiste qui avait dû mal composer le texte à imprimer dans le journal ! Fébrile, je cherchai dans le dictionnaire Tolost… et… Je trouvai ! Tolost : Fonderie. Tolost Golog, c'était les fonderies Golog.

Grâce à cette découverte, tout s'enchaîna dramatiquement :

La traduction devint plus aisée… Je comprenais… Secrouvitch, opposant redouté et recherché est découvert par la police, il s'enfuit… dans les fonderies Golog et il… je continuais à traduire… et il est mort en tombant… Non… en se jetant volontairement pour échapper à ses poursuivants dans une… dans une poche… Une poche ? Une poche de quoi ? Une poche de… Seigneur ! Une poche de fonte en fusion ! Un épouvantable frisson me parcourut le dos. Je reconstituai la scène : L'homme aux abois, pourchassé, fuit dans la fonderie Golog, acculé, effrayé devant la perspective de la captivité, la torture sans doute, n'a de solution que dans le suicide, et se jette délibérément dans le cubilot de métal fondu ! Je m'installai au clavier de la machine en monologuant :

- Et ton esprit est passé dans cette masse de métal qui a servi à fabriquer cette machine à écrire. Ton âme est partie de ton corps et a fini, fantôme, dans cet objet.

La machine crépita :

- Va.

- D'accord ! On va y aller… Mais tu vas devoir m'aider. Nous allons finir ton texte… En avant ! Je me range aux côtés des insurgés !

Etaient-ce les effets conjugués de l'alcool et de la fatigue ou la collusion de nos deux âmes de révoltés, mais l'inspiration me vint comme elle ne m'était jamais venue et sans doute comme elle ne me reviendrait plus de sitôt.

Je tapai beaucoup, longtemps et surtout… fort !

Les arguments s'enchaînaient à merveille, les mots s'alignaient tels des soldats, les touches de la machine crépitaient tel des coups de feu.

Les feuilles s'accumulaient noircies de textes incendiaires.

Ma machine était devenue une arme, un bazooka, un bombardier.

J'étais douloureux, tel un soldat agonisant sur le champ de bataille quand je mis le point final de ma dernière phrase.

Je sombrai dans un lourd sommeil peuplé de cauchemars guerriers.

Le lendemain, je repris le train de Paris, mon sac en plastique noir soigneusement serré entre mes jambes et une précieuse chemise blanche cartonnée renfermant le manuscrit de Secrouvitch que j'avais enfin terminé.

Arrivé sur les quais de la Seine, je ne mis pas cinq minutes pour repérer la forme noire qui semblait m'attendre.

Sans un mot, je lui rendis le sac et lui tendis le manuscrit qu'il lut avec une extrême lenteur. Lorsqu'il eut fini sa laborieuse lecture, je ne vis toujours pas son visage, mais il me sembla que l'homme avait grandi, qu'il s'était redressé, que sa stature s'était anoblie. Je devais partir. Mon rôle était terminé, je tournai les talons. Il me retint par l'épaule et glissa quelque chose dans la poche de mon blouson. Ce n'est qu'après le voyage de retour effectué, une fois à la maison et installé devant ma machine à écrire que je sortis son cadeau de ma poche : il s'agissait du dictionnaire manuscrit auquel il devait tant tenir. Je mesurai aisément la grandeur du cadeau.

Sur ma machine s'imprima :

- SPA3IBA

Son krösave remerciement accompli, je fixai avec une terrible angoisse la petite diode verte allumée de ma machine, sachant très bien ce qui allait arriver… Comme je m'y attendais, je ressentis un terrible déchirement lorsqu'elle s'éteignit pour ne plus jamais se rallumer… d'elle-même.

Adieu Secrouvitch, que ton âme repose en paix.

Plusieurs semaines passèrent.

Enfin, aux informations télévisées, je vis passer un fait divers auquel peu de Français s'intéressèrent.

Il y était raconté qu'un petit pays : La Posavie… Heu non… La Krösavie, le présentateur dut s'y reprendre à deux fois, s'était soulevé contre son dirigeant oppresseur à la suite du retour d'un Prince héritier en exil à Paris.

Retour triomphant effectué sous la bannière du manuscrit tonitruant d'un dissident martyr, un certain Pepovitch.

Manuscrit caché, interdit, égaré puis retrouvé par miracle qui avait enflammé toute la population et rendu la révolution et le putsch possibles.

Bouleversé, je fixais la silhouette caractéristique du Prince sur laquelle s'attardait la caméra.

Mû par un automatisme, je plaçai ma main à hauteur de la hanche pour le salut traditionnel krösave…

C'est la gorge serrée et les larmes aux yeux que je vis la main du prince s'élever aussitôt pour répondre à mon salut !

J'étais sûr que ce geste était à mon adresse, il ne pouvait en être autrement.

lundi 9 avril 2007

06 en scène et ciné



Le CG a assuré pour la 2ème année consécutive !!!!
3j de folie avec environ 3000 artistes présentant à peu près une centaine de spectacles... trop fort !!

SAMEDI 20.30 : Système Castafiore « Lifeforms »

Musique et mise en scènes : Karl BISCUIT

Chorégraphie : Marcia BARCELLOS

Lumières : Julien GUERUT

Décors : Jean-Luc TOURNE

Costumes : Christian BURLE

Danseurs : Grégory ALLIOT, Mikaël BAUDOUIN, Jean-François BIZIEAU, Caroline

CHAUMONT, Denis GIULIANI, Daphné MAUGER, et LES DANSEURS DU CANNES

JEUNE BALLET.

Ce spectacle est une invitation à embarquer pour des mondes crépusculaires, fantastiques et secrets. Révélées par un dispositif lumineux, des formes de vie étranges apparaissent, surprises dans leurs activités mystérieuses et souterraines... A contrario, comme autant de créatures singulières et abyssales, des formes surgissent, flottantes, et c'est dans la pénombre du théâtre noir qu'il nous faudra observer leur dérive apparente, aussi légère qu'un songe…

Je tiens à préciser qu’il faut avoir un esprit à minima « open » pour envisager ce genre de spectacle, entre musique classique revisitée sérielle et personnages de l’autre monde, on bascule en un éclair du terrestre à l’aérien à l’aquatique avec en prime des être venus d’ailleurs et de toute beauté…Tout simplement énorme !!

Malheureusement, mes amis n’ont pas eut le même coup de foudre que moi, nous étions une rangée entière, nous sommes repartis à 2, à la fin… chaud !!

Très peu d’infos sur le système Castafiore, c’est dommage… j’ai tout de même réussi à trouver des minuscules articles ici et (pour un microscopique aperçu du spectacle, cliquez sur la chose bizarre qui clignote à gauche de la page, les autres liens semblent out)


Dimanche 14.45 : Azur & Asmar

Ca j'en parle plus tard dans un autre post…

Dimanche 20.30 : Le gout de l’orange

Auteur : Ivan Challey Mise en scène : les 3 mousquetaires

Une héroïque fantaisie freudienne de cape et d'épée. Pour avancer dans la vie, il faut lutter contre ses démons intérieurs et parfois tuer l'image de ses parents. Pour Simon Tempo, comédien, 35 ans, ce sera dur : son père est devenu une femme et sa mère une orange. Un one man show tout simplement hallucinant… Un univers lyrique, comique, enchanté et enchanteur, burlesque, exubérant, onirique, bref tout simplement étonnant !!

Lundi 20.00 : Ecrire pour Exister


Idem j’en parle dans un autre post avec Azur & Asmar…

jeudi 5 avril 2007

LA DAME BLANCHE (1998)


Minuit et demie, je revenais de Vouziers. La soirée passée avec des amis m'avait enchanté, mais le retour à Charleville, par cette route insipide et éternellement rectiligne me coûtait. Septembre, doux cette année-là, générait des langues de brume qui s'assoupissaient paresseusement en travers de la route. La monotonie du voyage associée aux mièvreries radiophoniques et narcotiques des zizipanpans de variétés m'avaient plongé dans une sorte de conduite morne, automatique et lénifiante. Ces nappes intermittentes de brouillard me rappelaient une vieille sottise ardennaise : elles auraient été les âmes des accidentés de la route qui cherchaient…

Un vélo !

Wiiiiiii…

La voiture dérape…

Wiiiiiii…

Je l'ai évité de justesse… mais mon coup de volant m'entraîne… Je contre-braque… Wiiiiiii….

Une violente secousse achève de me sortir de ma torpeur.

Wiiiiiii…

Un dernier choc…

Ma tête heurte la vitre de la portière et je sombre dans l'inconscience. Je n'ai dû rester évanoui que quelques minutes. De la peau éclatée de ma tempe se distille un filet de sang qui m'empoisse la joue. J'ai retrouvé rapidement mes esprits. Ce n'est que plus tard que je savourerai la malice de cette réflexion ! Ma voiture, connement vautrée dans la glaise d'un champ labouré n'avait pas l'air d'avoir trop souffert de l'aventure. Des traces de dérapage signaient ma trajectoire zigzagante. Une voiture s'était arrêtée.

Une femme courut à moi :

- Vous êtes blessé ?

- Heu… Non… Je ne crois pas… Enfin, rien de sérieux…

- Mon mari est parti prévenir la police. Vous êtes sûr que tout va bien ?

- Oui oui…

Oui oui… C'était vite dit !

Ma secouriste d'un jour avait dû m'empoigner solidement par le bras pour me faire regagner la route. Je regardais stupidement cet idiot de goudron zébré de mes traces de freinage et de dérapage.

- C'est curieux quand même votre accident, s'étonna-t-elle.

- Ha bon… C'est à cause du vélo !

- Du vélo ? Vous avez heurté un cycliste ?

- Non… Je l'ai évité… C'était une fille habillée tout en blanc…

- Vous l'avez peut-être renversée ?

- Non, je l'ai évitée vous dis-je… Enfin, je le crois ! Mais vous avez raison, il faudrait chercher si je ne l'ai pas…

L'estafette de la police venait de s'arrêter. Déjà des cônes de caoutchouc rouge et blanc contingentaient un insignifiant trafic. Manifestement j'étais le point d'orgue désennuyeur d'un commissariat lassé par sa nuit de veille.

Je les occupais ! J'animais la soirée…

Pas de mort, pas de blessé sérieux, mais au moins vingt minutes de récit pour l'apéro du lendemain. C'est là que j'ai tiqué, c'est lorsque le policier a signalé à sa radio de bord :

- Oui… Non… Rien de grave, juste une sortie de route. Une dépanneuse, non… la voiture a heurté de biais un talus puis a fini sa course dans un champ. Oui, elle roule… Non… Nous sommes à "la Mariée"… Dépistage alcoolique… Oui… Bien sûr… Terminé.

J'ai dû souffler dans l'alcootest. Négatif. J'ai rempli un long et ennuyeux procès verbal. La police voulait m'emmener à l'hôpital faire soigner ma coupure à la tempe, j'allais accepter quand ma "secouriste" est intervenue :

- Vous savez, Messieurs, mon mari pourrait le soigner.

Le gradé de service me posa cette question :

- Reconnaissez-vous cette dame, Monsieur ?

- Oui, bien sûr. Elle est arrivée la première sur les lieux de l'accident, de l'incident devrais-je dire, et m'a aidé à sortir de mon véhicule.

Ma lucidité rassura le fonctionnaire.

- Voilà. Nous avons mis votre voiture sur le petit chemin à droite, elle fonctionne apparemment parfaitement, je vous engage à la prudence et une bonne vérification s'imposera, je pense. Nous vous le confions, Mme Leclerc. Vous êtes entre de bonnes mains, Monsieur.

Moi, l'hôpital ne m'aurait pas vraiment déplu… Mais le regard insistant de Mme Leclerc me rendit confiance.

- Soit, je veux bien me remettre entre vos mains, mais qui êtes-vous donc pour me soustraire aux soins hospitaliers avec la bénédiction des autorités ?

- Mon mari et moi-même sommes les pharmaciens du village.

- Ha bon… Je comprends. Entendu, je vous suis avec ma voiture. Heu… Pas trop vite… S'il vous plaît, je suis encore un peu sonné.

A la pharmacie, les Leclerc m'avaient rapidement soigné.

Un solide café ardennais, accompagné d'un moelleux morceau de gâteau mollet, m'avaient remis sur pieds.

Nous devions nous expliquer.

- Pourquoi vous êtes-vous occupée de moi ? L'hôpital eût été plus simple.

- Votre réflexion juste après l'accident m'a surprise. Vous avez parlé d'un ou plutôt d'une cycliste, vous avez même précisé : tout en blanc !

- En effet : J'ai cru…

- J'ai écouté discrètement, pourquoi n'en avez-vous pas parlé dans le rapport de police ?

- Parce que… Parce que j'ai dû me tromper. A mon avis, je me suis assoupi un instant et j'ai cru voir un cycliste.

- Une cycliste.

- Oui, une cycliste.

- Une cycliste tout en blanc.

- Oui. J'ai vu… Ou cru voir une cycliste tout en blanc.

- Une mariée ?

- Oui une mari… Mais comment savez-vous ? Que voulez-vous me faire dire à la fin ?

- Ecoutez-moi, Monsieur. Il y a quelques années une jeune fille du village s'est mariée. Elle s'appelait Cécile. Une coutume locale veut que la mariée, à l'issue des noces, apporte sa couronne de fleurs d'oranger au domicile de ses parents.

- Je ne connaissais pas, mais je comprends fort bien. Et alors ?

- Alors la jeune fille a pris sa bicyclette et est partie sur la route.

- Ensuite… ?

- Ensuite, elle a croisé un camion dont le chargement mal arrimé l'a quasi décapitée.

- …

- Elle a été tuée sur le coup.

- Tout s'éclaire ! Et depuis l'endroit de l'accident ; le sien et le mien d'ailleurs ; s'appelle "la Mariée" !

- Oui, c'est une habitude dans ce petit village et je vous ai vu sursauter lorsque le policier a annoncé le nom de l'endroit à la radio.

- En effet, je n'ai pas pu retenir ma surprise en faisant la corrélation entre cette fugace apparition et le nom du lieu-dit.

Le café des Leclerc et le gâteau mollet avaient reconstitué en moi une curiosité d'enquêteur. Je retournai au commissariat où je pus interroger… enfin, questionner un préposé somnolent. Ses collègues étant tous partis régler une histoire de bagarre de fin de bal.

- Ha oui… L'accident de la mariée… La petite Cécile… Attendez… Je ne me rappelle plus son nom de famille… C'était… Heu…

- Cela n'a pas d'importance. Alors, cette jeune fille ?

- Terrible. Une si jolie gamine. Tout le monde l'aimait bien, le village a donné des sous pour faire une… un… je ne sais pas comment ça s'appelle, une espèce de petite niche. On y a mis une statue de femme.

- Une Sainte Vierge…

- Voilà… Une Sainte Vierge, et puis aussi sa couronne de fleurs d'oranger qui avait été retrouvée après l'accident.

- Oui, je connais la coutume de la couronne, mais je ne l'ai pas vu l'oratoire… Enfin, la petite niche !

- Ha çà non ! Vous pouviez pas ! L'entrepreneur de maçonnerie a dit que le terrain était trop meuble, trop mou à cet endroit-là. Alors il a été construit plus loin le… le ratoire. Mais ça n'avait pas d'importance.

J'ai bondi en m'étranglant à ce moment-là !

- Mais si, cela avait de l'importance ! Il fallait lui rendre sa couronne ! Elle la cherche depuis… C'est pour cela qu'on l'aperçoit de temps en temps battre la campagne à sa recherche. Mais elle la cherche sur les lieux de l'accident ! Pas plus loin ! Là où elle le devrait… Elle se trompe ! Où est cette construction précisément ?

- Oh… pas bien loin du lieu de l'accident, deux carrefours après le presbytère, à droite…

J'étais déjà sur la route, des folies plein la tête, des histoires de noces, de mariée, de vélo, d'accident, de couronne de fleurs d'oranger qui dansaient en une gigue effrénée. J'ai facilement trouvé l'oratoire : un horrible bloc de béton et de laides pierres feutrées de mousses et de lichens. Derrière un grillage sommaire, une Sainte Vierge souriait sous la crasse qui la grisait. La pince crocodile rouillée qui se trouvait depuis longtemps dans mon coffre n'était peut-être pas l'outil le mieux adapté pour mon effraction mais, après quelques efforts, je vins à bout du grillage. Mon cœur battait la chamade quand je plongeais la main derrière la statuette J'en ramenai une chose flétrie et poussiéreuse qui s'écaillait entre mes doigts. La couronne de fleurs d'oranger de Cécile ! A toute vitesse, j'ai parcouru le peu de distance de l'oratoire au lieu de l'accident. Là, j'ai retrouvé mes traces de dérapage. Puis les champs calmes alentour. Enfin une langue de brume ! Une nappe, un filet de nuage est venu me caresser qui ne s'est pas dilué malgré mes mouvements. La brume me ceignait, m'enveloppait de sa moiteur… Elle m'a aidé à trouver l'emplacement exact de l'accident… De son accident. Alors la brume s'est agitée, a fait des tourbillons et… dans ma main j'ai senti la couronne s'effriter définitivement en une traînée de sable grisâtre. Une voiture s'est arrêtée près de moi et j'ai senti la présence de quelqu'un. Des langues blêmes de velours blanc nous ont caressés et j'ai cru sentir sur mes lèvres… comme un baiser ! Enfin tout s'est dissipé. La brume et la couronne avaient disparu. La nuit était calme et sereine. Je me suis assis sur la route, puis… je n'ai pas pu retenir mes larmes. La voiture qui m'avait rejoint était celle des Leclerc. Mme Leclerc s'est assise à côté de moi et m'a dit en m'embrassant :

Cécile était notre fille !

Cette histoire est inspirée d'une nouvelle de Laurent Steinberg intitulée : "la Tour prends garde" tirée de son ouvrage : Histoires Insolites en Ardennes. Il faut préciser que l'auteur nomme aussi cet édifice qui avait connu les Templiers : La Tueuse… !

lundi 2 avril 2007

Histoire du soir...


C'est pas une histoire d'princesse et d'cerf-volant... ce n'est celle de titou le Lapinou non plus...
ça s'appelle "Caca boudin" (ui... ui...)

Caca boudin par Stephanie Blake

Il était une fois un lapin qui ne savait dire qu’une chose…

Caca boudin.

Le matin, sa maman lui disait : « Debout, mon petit lapin ! »

Il répondait : Caca boudin.

Le midi, son papa lui disait : « Mange tes épinards, mon petit lapin ! »

Il répondait : Caca boudin.

Le soir, sa grande sœur lui disait : « Viens prendre ton bain, mon petit lapin ! »

Il répondait : Caca boudin.

Un jour, un loup lui dit : « Je peux te manger, mon petit lapin ? »

Il répondit : Caca boudin. Alors, le loup mangea le petit lapin.

Lorsque le loup rentra chez lui, sa femme lui dit : « Ca va, mon chéri ? »

Le loup répondit : Caca boudin.

Quelques heures plus tard, le loup ne se sentait pas bien… Il appela le médecin.

Le médecin dit : « Faites aah… »

Le loup répondit : « Caca boudin ! »

Alors, le médecin s’exclama : « Mais ! Vous avez mangé mon petit lapin ! »

Le médecin qui n’avait peur de rien alla chercher son petit lapin.

Lorsque le papa lapin retrouva son petit, il dit : « Ah ! Mon petit caca boudin ! »

Le petit lapin, fort surpris, s’exclama : « Mais enfin, cher père, comment osez-vous m’appeler ainsi ? Je m’appelle Simon, vous le savez bien ! »

De retour à la maison, sa maman lui dit : « Mange ta soupe, mon petit lapin ! » Il répondit : « Oh oui ! Comme c’est exquis ! »

Mais le lendemain matin, lorsque son papa lui dit : « Brosse tes dents, mon petit lapin », il répondit :

Prout !

Bon, maintenant que vous avez bien ri, si si je le sais, je vous vois... je vais vous montrer les idées géniales qu'à trouver Gaétane pour travailler ce texte avec des tous petits...

CACA BOUDIN, de Stephanie Blake

album

Objectifs:

- illustrer une histoire simple.

- revoir l’utilisation des guillemets (personnage qui parle).

- l’adjectif : marque du féminin (petit, petite, grand, grande).

- mémoriser les connecteurs de temps : il était une fois, le matin, le midi, le soir, un jour, alors, lorsque, quelques heures plus tard, le lendemain.

- phonologie : revoir « an « et « on » à compléter avec am, en, em et om.

- phonologie : étudier « in, ain » et « ien » à compléter avec ein, ym, im…

- savoir écrire : mémoriser à cf vocabulaire et orthographe.

- aborder la notion de verbe.

Mots classés par son :

lapin

boudin

matin

bain

médecin

enfin

ainsi

lendemain

maman

manger

grand

prendre

rentrer

sentir

enfin

comment

lendemain

dent

viens

bien

rien

Vocabulaire – orthographe :

le lapin, le matin, un bain, du boudin, le médecin

le midi, le soir

maman, papa, cher père, chère mère, sœur, sa femme, mon chéri

grand, petit

le loup

mots outils :

qui, qu’, alors, lorsque, chez, quelque(s), plus tard, mais, enfin, oui, comment, ainsi

sa, lui, mon, son, tes, ton, ta, je, vous, c’est

Le site de Gaétane c'est par là

dimanche 1 avril 2007

Wim Mertens



Dans la grande famille des compositeurs minimalistes, je demande le Flamand Wim Mertens

Surtout connu hors de Belgique pour avoir composé la bande originale du film « The Belly of an Architect » de Peter Greenaway. Une de ses compositions, « Struggle for pleasure », toute en boucles de piano et saxophones stridents, rappellera peut-être quelques vagues souvenirs aux téléphages puisqu’elle a connu sa petite heure de gloire en l’an de grâce 1996 avec les pubs SNCF (TGV) et Proximus

Ce qui sépare le plus clairement Wim Mertens de toute la clique minimaliste, c’est l’idée saugrenue qui lui est venue en 1986 d’enregistrer des disques piano + voix où il joue et chante lui-même. Cette mise en danger du compositeur, assez inhabituelle pour une activité qui préfère en général l’ombre à la lumière, semble d’autant plus saugrenue que sa voix de fausset a de quoi décontenancer et provoque même chez certains une réaction de rejet immédiat. De plus, une ombre plane toujours sur les musiciens qui se lancent dans la musique néo-tonale au piano, celle du redoutable Richard Claydermann dont le nom tombe comme un couperet lorsque vous voulez faire découvrir ce genre de musique à d’autres. Ne vous laissez pas abuser. D’abord, Wim Mertens n’arbore pas un sourire dentifrice quand il joue. Ensuite, aucune batterie synthétique ne vient s’incruster ici pour voir si Adeline n’y serait pas en bal(l)ade et, surtout, il n’a jamais employé la bande à Dorothée pour écrire et arranger ses partitions. Son chef-d’œuvre à mon avis dans le genre piano-voix est Stratégie de la rupture sorti en 1991, mais on peut aussi citer les albums A Man of no fortune, and with a name to come, et un live enregistré au Portugal Epic that never was, tous sur le label Les disques du crépuscule.

Glenn Branca figure de l’underground new-yorkais proche de Sonic Youth, parfois considéré comme l’inventeur de la symphonie pour guitares électriques collaboré pour la musique du film « The Belly of an Architect ». Sa technique : il élève des murs soniques verticaux qui évoluent par vagues ou écrit des compositions minimalistes de type no-wave, par exemple sur "The ascension-Structure". Mertens est pour certains le plus obscur et le plus doué des minimalistes, plus grand encore que Reich ou Glass. Il a tout compris du minimalisme - d’ailleurs, le minimalisme, c’est lui, tout simplement… Pour moi, c’est un musicien génial dont j’adore certains morceaux mais pas toute l’œuvre…

Ici "Struggle For Pleasure": alors bloggeur vire tes lunettes, cale toi où tu veux, monte le son et... écoute...


Quand j'sré grande j'veux faire ça comme métier!! Jouer Struggle for pleasure toute ma life !!
J'ai bien essayé à la bombarde mais j'ai l'air trop con, manque les bagpipes et là ça deviendrait une fake imitation d'Amazing Grace...