samedi 30 juin 2007

Kalem


Les ailes d’Icare ont failli me bruler pour ne jamais me relever

Et seul le désir de voler pour vous retrouver m’a sauvée

De l’abysse de mes désespoirs je vous ai envoyé mes SOS mutiques

Et seul le silence a évidemment répondu à tous mes cantiques

Du sommet de mes joies les plus douloureuses je vous ai crié

Et seul l’écho inévitablement a rétorqué l’absence injustifiée

Voler, il le faut pour apprendre à marcher

Tomber, il le faut pour après se ré-envoler…

Dans la douleur de mes chutes je vous ai pleuré

Et seule la douleur a consenti m’accompagner

Dans la douceur de mes envolées je vous ai souhaité

Et seules les ailes du vide et du manque m’ont entourée

Pourtant, le fil d’Ariane ne s’est jamais rompu, jamais…

L’élixir de vie dans nos veines, dans nos vides a continué de couler …

Ne disparaissez jamais plus… jamais…

Mon cœur ne serait qu’une plaie…

Mon âme ne vous pardonnerait… pour toujours…

A Kalem, dont la générosité est si pléthorique qu’elle transcende tous les maux que peut porter cette planète… dont la beauté est telle que si Dieu existait, il s’appellerait Kalem…

jeudi 28 juin 2007

3’28 x2

Attablé à un bar en sirotant un café en cette fin d’après-midi de printemps, je regarde les rayons du soleil se promener sur les toits et les cimes de la ville.

L’ambiance avec mon imagination aidant a quelque chose de feutrée, d’intemporelle… je suis téléporté ailleurs tout en restant là bien ancré…

La télé du bar a la bonne idée de passer un tube qui a quelques années ; 7 seconds de Youssou’N Dour et Neneh Cherry. Mon voyage s’accélère. Les sens ont ce pouvoir magique, même si parfois la madeleine de Proust a des arrières gouts de moisi…

Là ce n’est pas le cas, je m’envole en trajectoire directe vers un passé incertain mais dont je garde de bons souvenirs, il semblerait… Je me retrouve petit, en banlieue parisienne, quand je passais des heures à scruter le ciel gris en guettant la moindre percée du bleu salvateur et en priant de toute la véhémence de mon imagination, déjà bien trempée, pour être happé, avalé, emporté dans le grand duvet bleu… je me suis toujours demandé pourquoi le ciel n’est pas vert. Un soleil jaune et un ciel bleu ça doit devenir vert normalement… bah non ! ça reste bleu… En fait, depuis j’ai appris que la lumière du soleil est blanche et non jaune, que dans l’air il y a de l’azote, que c’est ça qui est bleu, et que le soleil l’éclaire… (ça c’est pour ceux que le doute a subitement envahi…)

Je retrouve instantanément dans ce ciel bleu, à plus de mille bornes de celui de Paris les même repères, les mêmes couleurs, les mêmes chaleurs dans ma ville actuelle… et ça, 45 ans après mes premiers émois célestes.

La musique me propulse vers d’autres lieux, d’autres émotions… je suis plus vieux, pas de beaucoup et je drague à tout va… période féerique dans la vie d’un être humain… les premiers (faux) pas vers l’autre sur ce genre de musique sésame…des printemps, des étés… je ne sais plus lesquels…

Mes souvenirs affluent sans que j’y prenne garde. Les bons, les mauvais. Je laisse faire. La balance reste positive. Je suis toujours en émoi, c’est le principal. Je sais que dès la fin du morceau tout va se briser, invisible mur de glace qui va fondre d’un seul coup d’un seul et me rejeter sans ménagement sur la grève de la réalité… je m’accroche désespérément au moment d’intimité solitaire quasi-religieux. J’imagine que je remets la musique. La même. Mais non le charme sera rompu. Je sais que je peux les vivre sur commande ces instants. J’ai appris, il y a bien longtemps. Mais celui-là est différent… particulier… il est venu à moi de lui-même… tout seul… c’est ce qui m’émeut par-dessus tout.

Même le ballet chaotique et asynchrone des voitures me réjouit. Elles sont belles avec leur poussière dégradante et leur couleur douteuse. Je ne vois pas les gens, ils sont bien là pourtant, je le sais, je sais même avec exactitude où mais je ne les vois pas…je ne veux pas…les voitures… encore… ces genres d’engins qui permettent de vous transbahuter d’un endroit à un autre en quelques minutes, des engins qui flirtent avec le temps sans jamais attirer la moindre de ses attentions… une ambulance…. C’est beau une ambulance un après-midi de printemps à la lueur des rayons obliques… ça fait moins ambulance… ça fait véhicule-espoir… Rien à voir avec une ambulance un matin d’hiver pluvieux… quelle que soit l’oblique des rayons… la personne dedans va déjà mieux si elle peut voir le ciel bleu ouvert sur l’infini plutôt qu’un ciel gris fermé sur le sol bétonné…

La télé a décidé de prolonger mon voyager… « sing » du groupe Travis… trois minutes vingt-huit de bonheur supplémentaire… du bonheur totalement gratos… qui peut se vanter ? qui peut se vanter de regarder une boite aux lettres jaune citron (c’est laid) et de la trouver superbe ? et ces bâtiments tout gris, qui se fardent des beiges, roses pâles et autres camaïeux du même ton que le soleil dépose en effleurements sensuels et timides…je le contemple dans son œuvre le maitre accompli…

Non y a pas à dire, quand il s’y met, le soleil repeint le monde… et mes pensées…

lundi 25 juin 2007

En attendant... Mottard

Dimanche sur le stand de Patrick Mottard, pendant son absence... (évidemment) une pauvre "préposée" ayant accépté de le remplacer quelques instants ne savait pas ce qui l'attendait... La fête du chateau, c'est la foir'fouille en réalité !! A vous de juger...


Un homme prend le livre Fragments de Nice, puis regarde la photo de Patrick et dit:
- il est mort y a pas longtemps lui! (c'était pas une question...)
- non Mr il est bien vivant... (le type a l'air dépité)
- désolée...
- je dois le confondre avec un autre (il a encore un doute...)
- je pense oui


Un autre regarde le livre, puis moi, puis le livre, puis inspiration subite:
- je ne savais pas qu'il avait une aussi jolie jeune femme
- merci Mr, je le dirai à ma mère en rentrant ça lui fait toujours plaisir... (oh la gueuze... Oui !! Mais j'ai pas pu résister)
- argh (bah oui raté la drague en moonboots)



- c'est Patrick Mottard? (c'est écrit en gros dessus mais bon au cas ou ça serait un gag hein)
- oui Mr
- je le connais (ils disent tous ça)
- sourire poli (que répondre?)
- c'est son nouveau?
- oui Mr (bah oui hein, le 1er -roman- c'est nouveau...)
- c'est combien?
- 12 euros Mr (ça aussi c'est écrit en gros)
- ah c'est bon à savoir ça (ah?)
- re-sourire (bah oui c'est la parade infaillible ça)
- et les autres aussi c'est 12 euros?
- oui Mr (c'est tous les mêmes les autres en question... Cherchez l'erreur)


Un homme arrive en disant:
- Patrick Mo.o.to.a.a.ard (il semble chercher dans ses souvenirs, puis droit dans les yeux)
Je vous connais!
- ah? (pour ceux qui ne savent pas suis petite et blonde, Patrick grand et gris - non c'est pas M Jackson - mais surtout je fais bien fille et lui bien garçon, y a pas d'ambiguité de bouton !!!!!)
- oui je vous ai entendu à la radio... Heu comment ça s'appelle déjà...?
- c'était pas moi
- non?
- non... Accessoirement suis une fille et je trouve pas que j'ai une tête à m'appeler Patrick
- Ah je me disais aussi (ben voyons...)!! Non parce que je savais qu'il devait se faire operer pour changer de sexe, mais là je trouvais le résultat bluffant...
- gni? (alors là pirouette magistrale -frère/entraineur de Nadia Comaneci- ou autisme profond -frère de Rainman- je ne saurai le dire)


- C'est Patrick Mottard?
- Oui Madame (oui je sais, vous aussi ça vous gave déjà...)
- C'est vrai qu'il a voté Bayrou?
- Non Madame, si ça avait été le cas il l'aurait annoncé... Et assumé ( avec le sourire s'il vous plait) <<<< c'est assez clair ou je développe?
- ah c'est bien ce que je me disais aussi (bah voyons !!)


- C'est Patrick Mottard? (hé hé)
- Oui Madameuuu (nan c'est ma grand-mère en tong devant prisu, mais là elle s'est déguisée en Patrick Mottard pour la photo...)
- je le connais (quelle étrangeté...)
- sourire (THE sourire hein)
- j'ai lu tous ses livres (allons bon...)
- il écrit sur les choses étranges qui arrivent (houlà, elle le prend pour un scénariste d'X-Files)
- Pierre Bellemare? (je pensais faire de l'humour et c'est là que ça se corse...)
- ouiiii c'est ça!!
- ........... (bouuuuuuh veux ma maison !!!!)

vendredi 22 juin 2007

Nice va s'échouer...

sur les rives d'une mascarade nommée culture, indigeste au plus glouton des béotiens... Deux amies sont allées, courageusement, à la soirée culturelle du festival du livre… voici le résumé qu’en a fait l’une d’elles, je vous le livre tel quel…


Samedi 16 juin Nice était en fête, le festival du livre, l’inauguration de la place Masséna et cerise sur le gâteau , soirée culturelle du festival du livre. Déjà le nom de cette manifestation contenait la chronique d’une catastrophe annoncée.. « Cabaret sur l’eau », pardon j’ai oublié le mot « grand » avant .Je cite encore « le public fera face à une scène transformée en en radeau d’infortune » puis encore « une lumière chaude et douce remplacera progressivement le soleil couchant disparaissant derrière la scène ». Pour qui connaît un tant soit peu Nice, le soleil couchant se trouve derrière les montagnes, et la scène était censée plutôt orientée vers l’Est (il s’agit de la plage du Castel), mais bon, fi donc d’un esprit aussi terre à terre… ce qui s’avéra prémonitoire car qui l’eût cru, la mer n’était pas au rendez vous de la fête culturelle, elle était démontée et à 20h30 le radeau gisait sur la plage .

Mais la bonne fée veillait et le gérant de la plage Castel a généreusement offert une partie de sa plage pour recueillir les naufragés en détresse, qu’il en soit encore remercié..

Et nous voilà installés sur de délicieux tabouret en carton (idée vraiment géniale pour tout festival de rue) face à la scène ou face à la mer suivant les circonstances (très bon pour les dos endoloris) et..et.. je ne suis pas arrivée à rester plus de 45 mn j’ai trouvé cela très ennuyeux, le premier texte de Francis Ponge très rébarbatif, et auquel je n’ai rien compris sauf à la fin le mot « plage »… puis 2 autres un peu moins abscons..et heureusement le dernier texte de Flaubert m’a rassurée , je comprenais tout..et je suis loin d’être une lectrice de Flaubert..Textes entrelardés de musiques aussi inégales dans la facilité d’écoute..bref je déclarais forfait et partis un brin inquiète sur le devenir de la candidature de Nice en tant que ville de la Culture.

jeudi 21 juin 2007

Les incontournables du Brevet

En attendant IMPATIEMMENT la mouture 2007, voici une rcap des années précédentes... toujours un vrai plaisir (pour moi en tous cas voui...)

• Les Égyptiens transformaient les morts en momies pour les garder vivants.
• Les empereurs organisaient des combats de radiateurs.
• Clovis mourut à la fin de sa vie.
• Charlemagne se fit châtrer en l'an 800.
• Les mauvais élèves étaient souvent décapités.
• La mortalité infantile était très élevée, sauf chez les vieillards.
• Les nuages les plus chargés de pluie, sont les gros cunnilingus.
• Le passage de l'état solide à l'état liquide est la niquéfaction.
• Un kilo de mercure pèse pratiquement une tonne.
• Autrefois, les Chinois n'avaient pas besoin d'ordinateur car ils comptaient avec leurs boules.
• Les fables de La fontaine sont si anciennes qu'on ignore le nom de l'auteur.
• Les peintres les plus célèbres sont Mickey l'Ange et le Homard de Vinci.
• Le chien, en remuant la queue, exprime ses sentiments comme l'homme.
• Les poissons sont bien adaptés à l'eau. On dit qu'ils ont le pied marin.
• Grâce à la structure de son oeil, un aigle est capable de lire un journal à 400 mètres.
• La femelle du corbeau s'appelle la corbeille.
• Les calmars géants saisissent leurs proies entre leurs gigantesques testicules.
• Les escargots sont tous des homosexuels.
• L'artichaut est constitué de feuilles et de poils touffus plantés dans son derrière.
• Le cerveau des femmes s'appelle la cervelle.
• Après un accident de voiture, on peut être handicapé du moteur
• Les hommes préhistoriques portaient le nom d’homo comme par exemple les homosexuels (il a du penser à homo erectus)
• En analysant les squelettes, on peut savoir si ces hommes sont vraiment morts. Pour connaître l’âge de leur membre, on les enduit de Carbonne 14.
• Les amazones étaient comme des femmes mais encore plus méchantes.
• César poursuivit les gaulois jusqu’à Alésia car Vercingétorix avait toujours la Gaule
• Quand les paysans allaient payer leurs impôts, ça leur faisait un gros trou aux bourses (Grégory 12 ans)
• Les enfants naissaient souvent en bas âge
• Jeanne d’Arc n’aimait quand même pas trop qu’on la traite de pucelle
• L’armistice est une guerre qui se termine tous les ans le 11 novembre
• Les américains vont souvent à la messe car les protestants sont très catholiques
• La Chine est le pays le plus peuplé avec un milliard d’habitant au km²
• Pour mieux conserver la glace il faut la geler
• La climatisation est un chauffage froid avec du gaz, sauf que c’est le contraire
• Pour faire des œufs, la poule doit être fermentée par un coq

Mes préférés sont :
la femelle du corbeau qui m’a fait hurler de rire
L’après accident, car c’est bon de rire de choses graves
La mortalité infantile…
Et l’armistice

mercredi 20 juin 2007

Effet d'optique... quelle optique?

Cristobal est un jeune homme un peu dans la lune… un doux rêveur comme on dit… le problème c’est que ses petits voyages astraux peuvent parfois le conduire à faire face à des situations quelque peu périlleuses… jugez donc…

Un jour, devant son ordinateur, il reçoit d’une amie une image…

ça >>>>

- Oh la jolie petite créature se dit-il…

Et il s’empresse de l’envoyer à sa douce amie, dont il espère les faveurs depuis quelques temps…

- Regarde, c’est toi quand tu seras plus vieille…

(ça commence bien en matière de compliment…)

Silence très pesant de l’autre coté du dialogue en direct…

- Ça ne te plait pas ?

- Si… c’est que…

- Tu ne le trouves pas mignon comme tout ?

- Mignon? heu, ce n’est pas le premier mot qui m’est venu à l’esprit...

mais bon… tu as l'air si sincère...

- Oh moi je l’adore, il est a.d.o.r.a.b.l.e !!

- Si tu le dis

- Attends, je vais l’agrandir, parce que là, je l’ai qu’en miniature…

Voilà ce que découvre Cristobal… la magnifique créature envoyée à sa dulcinée…

en fait c'était ça >>>>

évidemment il s’est confondu en excuses, a invoqué toutes les explications possibles et inimaginables pour justifier sa méprise… mais l’histoire ne dit pas si la dulcinée a détalé ou pas… Le pauvre Cristobal, n'a jamais vu les yeux de l'autruche ni son bec, ni sa tête... étrange non pour une autruche? à la place des narines il a vu des yeux et a imaginé une créature d'un autre monde...


Par souci de respect, les noms des personnages et lieux ont été changés, mais cette histoire est tirée de faits réels... Alors PRENEZ GARDE en ouvrant vos images, ne vous contentez pas de les regarder en miniatures, ouvrez les en grand !!

dimanche 17 juin 2007

L'oiseau de tonnerre

Il s'agit de peinture navarro sur sable... je ne m'attarderai pas outre mesure sur cette technique, quand on sait ce que savent faire les peintres handicapés avec leurs orteils, que moi, même avec une dizaine de paire de mains supplémentaires et une centaine d'années lumières d'apprentissage, je saurai pas... le don, ça ne s'apprend pas, ça se cultive...

Lui c'est Ruby Hotkie, et si je parle de lui, c'est parce que c'est un inconnu total, comme la majorité des indiens navarro (les autres aussi d'ailleurs, même si l'art navarro est plus répandu) et même si c'est un artiste très doué... malheureusement, je ne peux vous en dire plus pour le moment, je ne sais même pas si je pourrai le faire ultérieurement, mais j'essayerai, ça c'est sur... le problème majeur étant qu'il y a trop peu d'informations sur lui...

l'art amérindien arrive à nos portes grâce à de généreux touristes qui vont en Amérique, qui achètent pour quelques pesos-dollars de beaux souvenirs à offrir ou garder... puis les heureux propriétaires des dits cadeaux, n'ayant aucune sensibilité pour le cadeau, on le retrouve ainsi dans son emballage d'origine sur l'étale d'une broc, ici à Nice... et ça fait MON bonheur à moi...

Le motif, un danseur au masque de Thunderbird est assez rare à trouver, ce modèle étant plus fréquemment représenté sur les totems ou les sculptures qu'en dessin simple... mais l'art indien comme tous les autres évoluant, on trouve de plus en plus d'éléments de légendes sur divers supports que l'on aurait jamais vus avant...

jeudi 14 juin 2007

A y est j'ai trouvé !!

Info donnée par anonyme en com à la suite de ce post: voici le clip de Sigur Ros (j'la mets même en vidéo embarquée)

Et ce sera l'occasion de parler de la "tendance" actuelle qui veut que l'on mette en avant le 3ème âge... Dans ce 1er clip "La clé des Chants" de Mick est tout seul, deux choses m'ont interpellée...
- la zik, qui, selon moi, est une sévère reprise du titre "Cherchez le Garçon" de Taxi Girl (années 80) >>>> là
- le clip qui met en scène des personnes âgées qui font les fous... et franchement ça le fait !! je les trouve magnifiques, si on pouvait avoir des invasions pareilles dans nos villes, ça prouverait qu'il y a une vie pendant la retraite, et qu'une fois que l'on sort du circuit socialo-professionnel on est encore vivant, on sert encore, on a encore SA place dans cette société castratrice qui parque ses "vieux" loin des regards gênés de fausse pudeur, en attendant patiemment qu'ils disparaissent... Moi, j’veux voir les vieux faire des tags sur les murs, sortir en bande, s’embrasser honteusement dans la rue, je voir ces personnes se vautrer dans ce que la société a le toupet de nommer l’indignité… je vous le dis messieurs dames de + 65 ans, soyez les Yakusas de cette société étriquée !! ouaich !!

Le 2ème clip, De la Haut de thierry Amiel, lui, est très aseptisé, bien comme il faut… et c’est tellement dommage !! Les paroles sont touchantes, elles font appel à des émotions profondes, de ce coté, le pari est gagné (j’irai même jusqu’à parler d’un petit penchant musical Polnouf –aïe, là je vais me faire marave le groin)… mais au niveau du clip, la réalisation a joué la carte de la fébrilité et de la sécurité, c’est vraiment dommage encore une fois… quelques images bien choquantes, bien dérangeantes, un peu moins enrobées de miel auraient complété à la perfection ce titre… quand on veut avancer sur le chemin du message, de l’original, du percutant, il faut s’en donner les moyens et ça commence par le courage…

Les paroles

De ce temps-là, je n'entends plus ma voix
De ce temps-là, je ne guide plus mes pas
De ce temps-là, je sais que je vais mais ne marche pas.
Sans aucun repos, j'avance puisqu'il le faut
De là-haut Peux-tu me dire si les mots sont plus beaux ?
Peux-tu me dire si l'air est aussi chaud ?
Est-ce que tu le sens, est-ce que tu m'entends ?
Désormais, s'il fait un peu plus frais
Ce n'est pas que le temps soit mauvais
Mais il est vrai que je me perds dans ce monde imparfait
Ni meilleur, ni plus laid Mais juste un pâle reflet
De là-haut Peux-tu me dire si les mots sont plus beaux ?
Peux-tu me dire si l'air est aussi chaud ?
Est-ce que tu le sens, est-ce que tu entends
Tous mes mots ? Peux-tu me dire si leur sens est plus beau ?
Peux-tu me dire si leur souffle est plus chaud ?
Et s'ils te réconfortent, là où ils t'emportent.
Je ne rêve qu'en noir et blanc Mes souvenir se mêlent de sang
Et pourtant, Je me lève pour faire semblant De vivre comme un vivant
De là-haut Peux-tu me dire si les mots sont plus beaux ?
Peux-tu me dire si l'air est aussi chaud ?
Est-ce que tu le sens, est-ce que tu entends
Tous mes mots ? Peux-tu me dire si leur sens est plus beau ?
Peux-tu me dire si leur souffle est plus chaud ?
S'ils te réconfortent, là où ils t'emportent. De là-haut...

Enfin pour conclure sur ces 2 là, je me pose une question… je trouve une étrange ressemblance entre les 2 clips (Amiel et Mick), surtout les intro… je me demande si c’est totalement fortuit ou si Mick a parodié Amiel, je n’imagine pas trop l’inverse… hmmm question existentielle…

Pour finir, un petit bonus qui prouve que le ridicule ne tue toujours pas… 2 clips de Lio à 28 ans d’écart… je crois que ça se passe de commentaires (en fait suis tellement désabusée que les mots m’en tombent du cerveau…)

Lio à 18 ans

Lio à 45 ans

Le pire, c'est que cette "chose", on va se la taper tout l'été!! je le vois bien le plan foireux là...

lundi 4 juin 2007

tite selection de zik...

mes dernières nouveautés...

Funny Bear: je me demande pourquoi cette "chose" me fait réagir, mais purée j'adore !!!!
C'est là

Cirque du Soleil - Alegria: de manière générale, les comédies musicales me gavent au plus haut point... je les trouve souvent mièvres, avec des chorégraphies à chier, des zik approximatives, des chants très douteux... et pourtant... dans chacune, je trouve toujours une... LA... chanson qui va me faire vibrer... (enfin pas toujours non, des fois j'en trouve pas...), alors voilà celle de la troupe du Cirque du soleil qui n'est, cependant, pas une comédie musicale "conventionnelle"...
Alegria

Keny Arkana - "La mère des enfants perdus" et "Victoria": une enorme ressemblance avec Diam's, à tel point que les yeux fermés c'est difficile de les différencier... c'est un peu dommage... par contre coté paroles, vécu, origines ce n'est pas pareil... Keny est une marseillaise d'origine argentine qui se bat énormément pour son peuple... les 2 titres que je propose montre ses 2 faces: son pays d'origine et celui de naissance (avec un clip percutant)...
La mère des enfants perdus
Victoria

Travis - "Closer" et "Sing": groupe écossais (toujours bons les anglais coté zik) qui a demarré début des années 90 et qui agrémente ses chansons de clips toujours plus délirants les uns que les autres... Sing n'est pas une nouveauté mais je la mets quand même et si vous connaissez le film "La Party" ça vous rappelera des souvenirs...
Closer
Sing

Rose - La Liste: bon ce n'est plus une nouveauté ok, mais bon en même temps je ne vais pas faire un post pour chaque new zik qui sort hein... originale, simple, sympa, sans chichi, j'aime bien... une autre façon de chanter l'amour, ça change... surtout de celles qui le font comme si elles nous annonçaient la fin du monde à grand renfort de hurlements... et là, idem un clip fait de petits riens qui donnent un tout bien sympa... vraiment j'aime bien... (et non ça ne ressemble ni à Ruiz, ni à Anais même si je l'aime bien elle aussi, elle ressemble à elle)
La Liste
Ciao Bella (choix de dernière minute)

Nelly Furtado - Say it right: Alors cette nana, je n'aurais jamais pensé parler d'elle un jour tant je la trouve fadasse (à part pour sa plastique mais bon ça fait un peu myso là hein)... et puis elle nous balance ce clip ULTRA sophistiqué... je le trouve superbe d'un point de vue purement esthétique... des prises de vue assez surprenantes d'une qualité rare limite photo, des jeux de contrastes sur les couleurs, contre-champs, contre-jour, ombres-lumières, franchement ça le fait... et un choriste très hummm (petit coté benetton là aussi)... bref pour une fois je ne la trouve pas nase du tout... comme quoi tout le monde peut changer... reste à savoir si dans le cas présent c'est elle ou moi...? ou les deux?
Say it Right

Et pour finir je cherche le titre d'une new zik mais je ne trouve pas!!! le clip, ce sont des personnes dites du 3ème âge qui font les fous, qui courent partout, s'éclatent comme des mômes... la mélodie ressemble méchament à la chanson du groupe Taxigirl "cherchez le garçon", je pense d'ailleurs qu'il y a des notes communes aux deux chansons...

vendredi 1 juin 2007

Germaine Tillon

Du fond du lit dont vous ne pouvez plus bouger, par la voix d’Anise Postel-Vinay, par cette opérette que vous nous léguez, par vos cent années de souvenirs et d’Histoire, par les douleurs, les souffrances que nous ne pouvons qu’envisager approximativement, par les espoirs de joies excipées puis vécues, par ce passé présent jusqu’à demain, vous faites de nous des êtres vivants… par le vivant qui est en moi, par cet héritage gracieux et inestimable, par le besoin reptilien de mon âme, par l’amour sans concept des battements de mon cœur, je me souviens de vous aujourd’hui Madame, je me rappellerai demain qu’il ne faut pas oublier hier… et à mon tour, je donnerai… aussi longtemps que possible… jusqu’à toujours… Merci d’être si… exceptionnelle…




N
ée le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire), est une ethnologue et une résistante,
Germaine Tillion suit une formation d'ethnologue auprès de Marcel Mauss et Louis Massignon qui deviendra son mari. Licenciée ès lettres, elle est diplômée de l'École pratique des hautes études, de l'École du Louvre, et de l'INALCO.

Entre 1934 et 1940, elle réalise quatre séjours en Algérie pour étudier l'ethnie berbère des Chaouis dans le cadre de sa thèse. De retour en France au moment de l’armistice de 1940, elle devient chef du réseau de Résistance du Musée de l'homme, avec le grade de commandant de 1940 à 1942. Le réseau travaille à l’évasion des prisonniers et au renseignement.

Dénoncée par l'abbé Alesch, Germaine Tillion est arrêtée le 13 août 1942, et déportée le 21 octobre 1943 à Ravensbrück. Elle y perd sa mère Émilie, déportée comme elle, lors de gazages massifs perpétrés en mars 1945. Pendant son internement au camp, elle écrira sur un cahier soigneusement caché, une opérette Le Verfügbar aux Enfers où elle mêlera à des textes relatant avec humour les dures conditions de détention, des airs populaires tirés du répertoire lyrique ou populaire.

Elle se consacrera après la guerre à des travaux sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale (enquête sur les crimes de guerre allemands, sur les camps de concentration soviétiques entre 1945 et 1954) puis sur l’Algérie. Elle a créé en France l’enseignement dans les prisons. Directrice d’études à l’École pratique des Hautes études, elle a réalisé vingt missions scientifiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Elle retourne en Algérie en 1954 pour une mission d’observation et participe à la création de centres sociaux : ses nombreux travaux de recherches au cours de sa carrière au CNRS et à l’ EHESS portent sur les sociétés méditerranéennes.

À Alger, le 4 juillet 1957, elle rencontre clandestinement Yacef Saadi, à l'instigation de ce dernier, pour tenter de mettre fin à la spirale des exécutions capitales et des attentats aveugles.

Après la guerre d'Algérie, elle s'engage dans divers combats politiques :

  • contre la clochardisation du peuple algérien,
  • contre la torture en Algérie,
  • pour l'émancipation des femmes de Méditerranée.
Son séminaire d'« ethnologie du Maghreb » à l'École pratique des hautes études est resté légendaire.

En 2004, elle lance avec d'autres intellectuels français un appel contre la torture en Irak.

Un film lui a été consacré.



Une opérette à Ravensbrück
Création mondiale avec le "Verfügbar aux enfers", oeuvre écrite pendant sa déportation en 1944, par Germaine Tillion et montée pour la première fois au Châtelet. Un texte, acte de résistance, qui ne cesse de surprendre.

C’est l’histoire incroyable d’une opérette écrite dans des conditions qui, aujourd’hui encore,
nous semblent invraisemblables. L’ethnologue Germaine Tillion, dont tous les amis fêtent aujourd’hui le centenaire, est alors internée à Ravensbrück, depuis 1943, pour faits de résistance. Elle écrit, à la barbe de ses bourreaux, le Verfügbar aux enfers, opérette-revue (1), une opérette inachevée au vu de la détérioration des conditions de détentions. En avril 1945, elle est au nombre des survivantes du camp. Jacqueline d’Alincourt, compagne d’internement, sauvera le livret et le lui remettra peu après. Il faudra attendre la troisième édition de l’ouvrage enquête de Germaine Tillion consacré au camp (« Ravensbrück », 1988), pour trouver des références à cette opérette qu’elle n’avait, jusqu’alors, jamais mentionnée.
Plus d’un demi-siècle après, témoignages, archives, procès, images nous permettent de savoir non seulement ce qui s’est passé mais aussi d’imaginer les conditions de vie extrêmes des hommes et des femmes dans ces camps. La souffrance, l’humiliation, la faim, les coups, les tortures, les trahisons...
C’est dans ce contexte effroyable que Germaine Tillion écrit. C’est dans cet univers déshumanisé qu’elle noircit, soir après soir, de minuscules feuilles aussitôt mises à l’abri dans un instinct de survie qui défie la peur et les coups, acte de résistance dont le courage ne cesse, aujourd’hui encore, de nous surprendre. Pour résister à la barbarie, Germaine Tillion choisit le rire, l’autodérision. Le rire, cette ultime politesse du désespoir... Sous la plume de Tillion, incroyablement alerte et précise, pointe le regard de l’ethnologue, de l’historienne. Jamais dans la plainte, « il ne faut pas s’habituer. S’habituer c’est accepter... », tout, dans le livret, concourt
à provoquer ce sursaut de dignité que même les pires des tortures et des dégradations ne pourront atteindre. Ses personnages s’appellent Nénette, Lulu de Colmar, Lulu de Belleville, Marmotte, Titine... Triangles rouges des politiques cousus au revers de leur tenue, elles sont les « verfügbar », ces prisonnières rebelles qui refusent de travailler « pour eux », les nazis. Elles se racontent, évoquent leur vie d’avant et de maintenant et, surtout, ne s’interdisent rien, pas même de reprendre en choeur Nous avons fait un beau voyage, l’opérette de Reynaldo Hahn, de chanter des airs de Madame Angot, ailleurs de fredonner un tango, là le Carnaval des animaux, de Saint-Saëns ou une réclame pour la chicorée Villot. Des chansons réécrites, détournées qui suivent à la lettre rythmes et rimes enfouies au plus profond de la mémoire de Germaine Tillion. Un naturaliste improvise une conférence et c’est d’elles, les verfügbar qu’il s’agit de brosser le tableau. Qualifiées par ledit naturaliste d’une « nouvelle espèce zoologique (...) apparue à la surface du globe au cours de la quatrième décade du XXe siècle ». Description scientifique par le menu, rien ne nous est épargné de l’état de délabrement physique des détenues, de leur utilité ou inutilité selon le point de vue adopté. Mais voilà qu’elles se permettent, tout « verfügbar » qu’elles sont, soit d’interrompre le scientifique, soit d’ouvrir des parenthèses à n’en plus finir.
Et le récit de rebondir, sans cesse entrecoupé de chansons, de souvenirs et de rêves, d’espoir aussi. Elles sont affamées ? « Parlons d’autres choses ! » Elles s’imaginent attablées dans un restaurant de leur connaissance du côté d’Avignon. Les mets les plus délicats titillent les papilles et si elles se chamaillent sur le plat principal, toutes s’accordent sur le vin : un château-neuf-du-pape. Puis elles se remettent à raconter les corvées, les coups, les appels interminables, les toilettes (« waters en français, toilettes en allemand »), les dysenteries, la puanteur, l’humiliation mais, là encore, tout est prétexte à rire et à chanter. À survivre, malgré tout.
Jamais montée, cette opérette l’est - enfin - au théâtre du Châtelet (2). La mise en scène est de Bérénice Collet. On doit l’adaptation à Géraldine Keiflin, les décors et costumes à Christophe Ouvrard, la chorégraphie à Danièle Cohen, la direction musicale à Hélène Bouchez, la restitution et les compositions musicales à Christophe Maudot. Nous les citons tous parce que le résultat est à la hauteur du défi. Nous nous devons aussi de mentionner les solistes (Jeannette Fischer, Carine Séchehaye, Claire Delgado-Boge, Emmanuelle Goizé, Hélène Delavault) ainsi que la participation de la Maîtrise de Paris, celle des élèves des conservatoires de danse et d’art dramatique de la Ville de Paris tout comme la présence de deux classes de collégiens du 13e arrondissement qui se sont plongés dans cette incroyable aventure avec un engagement total. Le Verfügbar aux enfers illustre plus que tout le pouvoir salvateur de la légèreté sur le tragique. Opérette loufoque, opérette imaginaire, aujourd’hui encore son pouvoir de subversion nous émeut, provoque rires et larmes en cascade, nous rappelle que résister n’est pas un vain mot.
(1) Le Verfügbar aux enfers est publié dans une très belle édition chez Lamartinière. Le texte est précédé d’une introduction historique de Claire Andrieu et accompagné de notes explicatives rédigées par Anise Postel-Vinay, camarade de déportation de Germaine Tillion.
(2) Représentations exceptionnelles le 2 juin à 20 heures et le 3 juin à 16 heures et 20 heures
au théâtre du Châtelet. Renseignements : 01 40 28 28 40 ou www.chatelet-theatre.com

Entretien. Germaine Tillion : le pire c’est la lâcheté
Résistante de la première heure, l’ethnologue reste infatigable dans le combat pour le respect de la dignité humaine.

Pour l’auteur de Ravensbrück il faut résister à un monde qui " met les pieds sur les mains des enfants ". Dans le grand voyage du siècle, Marcel Mauss, l’ami de Jaurès, n’a cessé de l’accompagner dans son engagement contre la torture, la peine de mort, et les totalitarismes.

La longue vie qui aura été la vôtre ne vous a pas fatigué de suivre ce que l’on appelle l’actualité ?

Germaine Tillion Dès qu’il y a des catastrophes, je suis toujours de plain-pied avec les événements.

Par le sentiment ?

Germaine Tillion Par le sentiment et le désir d’arrêter les dégâts.

Est-ce de la compassion ?

Germaine Tillion De la passion partagée. Parce que je me compare à la souffrance des autres. Toute ma vie, j’ai été comme cela.

Mettez-vous sur le même plan les malheurs, disons naturels, comme les tremblements de terre, les grands accidents, et les malheurs de l’Histoire, les guerres, qui en principe sont évitables ?

Germaine Tillion Évitables, peut-être, mais quand ils arrivent, ils arrivent. Les malheurs, si on peut les éviter, c’est vraiment un crime de ne pas le faire. Quand il s’agit de l’action des hommes, ça se passe avant.

Vous pensez qu’on aurait pu s’y prendre à temps avec Hitler ?

Germaine Tillion On a raté le bon moment. On lui aurait donné le coup de trique assez tôt, il y aurait eu beaucoup moins de morts.

Sa montée a été longue, les gouvernements en place ont été plutôt lâches ?

Germaine Tillion Ils ont été carrément lâches. À mon avis, s’ils avaient réagi vite, on aurait évité la guerre. Il y aurait eu quand même quelques désastres parce qu’Hitler était là, mais les dégâts auraient été moindres. La lâcheté c’est ce qu’il y a de pire. Il ne faut jamais être lâche, sinon cela veut dire qu’on laisse la porte ouverte aux grands malfaiteurs.

Le grand signe de la lâcheté internationale a été Munich, en 1938, quand on a abandonné la Tchécoslovaquie aux nazis.

Germaine Tillion Absolument, c’est l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire. Munich c’est la lâcheté absolue.

Et cependant, il s’agissait de démocraties, l’Angleterre de Chamberlain et la France de Daladier.

Germaine Tillion Pourquoi ont-ils fait ça ? Les peuples veulent la paix, on ne peut pas leur en vouloir. Mais il n’est pas raisonnable de laisser la porte ouverte aux gens qui font la guerre. L’amour de la paix ne doit pas empêcher de lutter.

L’une des grandes faillites n’a-t-elle pas été la non-intervention en Espagne quand les puissances fascistes ont aidé Franco à abattre la République et bombardé sauvagement Guernica ?

Germaine Tillion L’Espagne c’est la même chose, on a eu peur d’affronter Hitler.

Le refus de Léon Blum d’intervenir a-t-il été une faute ?

Germaine Tillion Une faute grave qu’on a payé très cher.

L’antichambre de la Seconde Guerre mondiale ?

Germaine Tillion Tout à fait, je le pensais déjà à l’époque.

Le prix de cette lâcheté a été très lourd. Votre maman est morte au camp de Ravensbrück où vous aviez été déportées pour faits de résistance. Votre grand-mère, elle-même, a été arrêtée, en 1942, à quatre-vingt-onze ans. Et cependant votre ouvrage Ravensbrück (1) est un livre d’étude, pour ainsi dire scientifique. Était-ce délibéré, comme un travail d’ethnologue ?

Germaine Tillion Pour mieux condamner le système concentrationnaire je l’ai étudié. Je l’ai étudié comme une société de sauvages, comme une famille de chacals. Je me suis souvenu de l’expression : " Comment être persan ? ". Déjà, pendant toute la durée de ma captivité, je n’ai cessé de parler avec les autres, comme ensuite dans le train qui nous ramenait en Suède. J’ai tout revérifié ligne à ligne. J’ai voulu montrer le nazisme comme une mécanique pour permettre à mes camarades de ne pas être écrasées, pour qu’elles regardent cela de haut. En étudiant, on monte les marches de l’escalier, le lecteur est au rez-de-chaussée, et l’étude le hisse au premier étage. Il faut se hisser pour voir !

Auparavant, où étiez-vous dans les années trente ?

Germaine Tillion J’étais étudiante de Marcel Mauss.

L’ethnologue, le compagnon de Jean Jaurès ?

Germaine Tillion En effet. C’était un homme de réflexion universelle que j’ai beaucoup admiré et qui avait une connaissance exceptionnellement riche et puissante du monde. Il a été celui qui m’a le plus inspirée dans toute mon enfance et mon adolescence. C’était un homme remarquable dont la connaissance des conflits était très intense, très raisonnable et très éclairante. Quand on veut faire de la politique sans connaître l’histoire et la géographie on met les pieds sur les mains des enfants.

A-t-il été marqué par l’assassinat de Jaurès, le 31 juillet 1914, dont on dit qu’il a été le premier coup de feu de la guerre 14-18 ?

Germaine Tillion C’est probable. Il parlait quelquefois de Jaurès mais pas dans ses cours. Il en parlait souvent aux quelques étudiants qui l’accompagnaient à la sortie. Il enseignait à la Sorbonne et au Collège de France. Nous étions trois ou quatre qui marchions à côté de lui et nous discutions tout le long de la route. C’était passionnant parce qu’il était beaucoup plus libre que dans ses cours où il tenait le langage de la Sorbonne. Dans la rue il était plus familier, plus simple et plus ouvert.

Il parlait de l’actualité ?

Germaine Tillion Tout à fait. Ce que j’ai fait souvent avec lui. Quand les Allemands ont occupé Paris, j’allais le voir régulièrement à vélo, je veillais à ce qu’il soit ravitaillé parce qu’il était juif, en plus. Il était à la retraite, il avait une respectabilité universelle et même les Allemands n’osaient pas l’arrêter.

À t-il porté l’étoile jaune ?

Germaine Tillion Un jour, je suis arrivé chez lui, il était en train de coudre son étoile jaune sur son veston.

Comment avez-vous ressenti ce moment-là ?

Germaine Tillion Un coup. Cet homme généreux était une cible, il était juif, et les juifs étaient devenus des objets qu’on épingle. Mon dieu, on aura vu cela ! Je me disais, ce n’est pas possible, on est vraiment tombé dans l’affliction totale. Cela a été d’emblée ma pensée. Quand j’ai vu la frontière française craquer, j’ai ressenti comme une abjection, je savais que l’on allait endurer l’ignominie hitlérienne.

Le cheminement de vos études, de vos idées, de vos réflexions a t-il toujours croisé des expériences humaines personnelles ?

Germaine Tillion Un grand événement dans cette période-là, c’est d’abord mondial et ensuite ce sont des milliers d’événements individuels que l’on a sous les yeux. Bon, je n’étais pas la seule, tout le monde était dans mon cas, tout le monde voyait tel individu, tel inconnu être traités d’une façon abominable. Si on avait un tout petit peu de réflexion on savait que cela devait arriver.

Les grandes résistances que vous avez vécues ont-elles révélé des conduites individuelles, des actions, des engagements ?

Germaine Tillion Plus les gens sont matraqués, plus on a de raison de se battre contre les matraqueurs. Imaginer les atrocités est une chose, les voir en est une autre.

Face à la répression féroce, qui pourrait intimider, dissuader, qu’est-ce qui encourage à résister ? Quel est ce seuil où l’on dépasse la peur, comme vous l’avez vécue vous-même ?

Germaine Tillion On dépasse la peur quand on est fraternellement lié à des gens qui sont meurtris à ce moment-là. On a une raison de plus d’être violent contre l’abus. Au départ, il y a le principe, ensuite on éprouve le sentiment.

Quel était ce principe qui était le vôtre en 39-40 ?

Germaine Tillion Le principe de justice, le principe de respect du droit, ce qui a été convenu, écrit librement, par une collectivité honorable et respectable.

On a beaucoup parlé avec vous - pas seulement aujourd’hui - du passé, de l’ethnologie, de Jaurès, de la résistance, de la guerre d’Algérie et de torture, pourrait-on parler aussi de l’avenir ? Vous êtes à Saint-Mandé, vous dites souvent que vous avez en face de vous les canards du lac Daumesnil, et en même temps vous dites que vous n’êtes jamais indifférente au monde. Avez-vous une idée de la façon dont vous le voyez évoluer ?

Germaine Tillion Si on laisse les choses aller, cela peut laisser le terrain libre à des mégalomanes, à des dominations et des dominateurs.

Des grandes puissances économiques règnent à l’échelle du monde - la fameuse mondialisation libérale - qui créent des déséquilibres inquiétants. Est-ce que cela vous paraît, à vous aussi, une chose qui peut mal tourner ?

Germaine Tillion Oui, sûrement. C’est l’élément le plus dangereux de l’époque, mais il n’y a pas que cela.

Vous dites n’être pas tranquille mais vous ne vous dites pas pessimiste, vous n’avez pas prononcé ce mot.

Germaine Tillion Disons que je me méfie.

Vous qui vous êtes illustrée dans le combat pour la liberté, vous avez dit un jour que la question qui vous préoccupait d’abord, c’était la misère et l’éducation.

Germaine Tillion La misère, c’est la vie quand la peau est arrachée. Quand il n’y a plus de chemise, reste la viande. Que les enfants puissent aller en classe et soient nourris, que les parents aient du travail et de quoi nourrir leurs enfants, c’est primordial.

On sait que le conflit du Moyen-Orient, foyer de guerres, pas le seul malheureusement, mais parmi les pires, vous préoccupe beaucoup. Jean Daniel faisait état dans le Nouvel Observateur, d’une déclaration de Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, disant comme vous que le siège de l’ONU ne pourrait trouver meilleur lieu symbolique que Jérusalem.

Germaine Tillion En effet, je l’ai dit et je crois que Kofi Annan a simplement noté que cela ne serait pas absurde.

Comment justifiez-vous cette idée qui peut paraître si utopique ?

Germaine Tillion Jérusalem est un centre religieux absolument évident, celui des trois grandes religions du Livre, le christianisme, le judaïsme et l’islam, à quoi il faudrait ajouter une quatrième religion, celle du bon sens. Il faudrait que ces quatre religions, ensemble, se mettent d’accord pour considérer Jérusalem comme un centre nerveux tout à fait indiqué pour le monde tel qu’il est. À ce moment-là, on éviterait peut-être beaucoup de dégâts.

Vous voulez dire que c’est précisément là où il y a le plus de tensions qu’il faudrait créer le lieu de résolution de ces tensions.

Germaine Tillion Absolument, vous ne le pensez pas ?

Je pense que c’est une très belle idée. Ne serait-ce que du fait de poser ce problème du siège de l’ONU, à Jérusalem ou ailleurs, en tout cas dans un lieu qui obligerait à repenser le monde.

Germaine Tillion Repenser le monde d’aujourd’hui, c’est ce que je voudrais, et c’est pour cela que je pensais à Jérusalem, comme étant le lieu du conflit et non le lieu de la puissance.

La dernière fois que je suis venu vous voir, vous m’avez dit que la chose qui vous importait le plus aujourd’hui était l’abolition de la peine de mort. Pourquoi ?

Germaine Tillion J’ai horreur de la peine de mort. Au nom de la société, tuer " légalement " est un crime et un encouragement à la vengeance. À partir du moment où l’État peut se le permettre, pourquoi les particuliers ou les peuples ne se le permettraient-ils pas ?

Vous avez accepté de faire partie du comité de parrainage du centenaire de l’Humanité de Jaurès. Quel sentiment éprouvez-vous pour ce journal et son histoire à l’échelle du siècle ?

Germaine Tillion J’ai connu l’Humanité du temps de la guerre froide comme un journal très dur, guerrier, et aujourd’hui c’est un journal de raison et de paix. C’est une belle évolution qui donne à penser. Le titre me rappelle ce que disait mon maître Marcel Mauss : L’Humanité a fait cinq fois le tour de la terre avant de se fixer. Et elle continue à se déplacer. J’ai été aussi archéologue, une expérience passionnante. Nos ancêtres dont on trouve les traces n’ont cessé de tourner. Peut-être va-t-on trouver en Afrique, contrairement à ce que croient les imbéciles racistes, des os d’Européens !

Jaurès, dans l’éditorial du premier numéro de son journal, disait de l’Humanité qu’"elle n’existe pas ou qu’elle existe à peine ", et en concluait qu’elle avait besoin de se réaliser par des moyens, précisait-il, d’humanité.

Germaine Tillion Jaurès était un génie, un génie intuitif.

Que le journal puisse disparaître, comment le ressentez-vous ?

Germaine Tillion Injuste, bête et dangereux.

Pensez-vous, à la lumière de votre expérience et de vos réflexions d’aujourd’hui, que l’idée communiste, au-delà de ce que le communisme a pu donner comme système, ait toujours une raison d’être ?

Germaine Tillion C’est une idée qui mérite le respect.

Vous l’avez, si l’on peut dire, rencontrée au travers de personnes qui vous ont été proches ?

Germaine Tillion Le professeur Mauss se considérait comme communiste.

Vous parlez aussi de Jeannette, une jeune déportée du Nord, qui était avec vous à Ravensbrück.

Germaine Tillion C’est quelqu’un que j’aimais beaucoup, c’était une pure ouvrière communiste, quelqu’un d’admirable.

Pour vous, le communisme, c’est aussi ces deux personnages ?

Germaine Tillion D’abord des gens très simples, des gens de travail et des gens de réflexion. Qui aboutissent tous à cette commune conversation qui peut s’appeler effectivement le communisme.

Vous mettez Marcel Mauss et Jeannette sur le même plan ?

Germaine Tillion C’est ça ! la grande réflexion et la grande simplicité.

Vous faites encore la distinction, vous n’associez pas Jeannette, qui a vécu cette époque, au stalinisme ?

Germaine Tillion Absolument pas ! Dieu m’en garde.

Entretien réalisé par Charles Silvestre