dimanche 7 mars 2010

Le Matricule Des Anges




L'une des revues littéraires la plus connue, tout du moins celle que je consulte plus couramment en ligne est Le Matricule Des Anges (LMDA). Titre un peu étrange qui n'est pas une déclaration d'élitisme, mais répond plutôt à l'idéal selon lequel la littérature serait « Pureté », par opposition au mercantilisme de la société. Telle est, en tout cas, la conception défendue par le magazine. Créé en 1992 par une équipe de jeunes journalistes animée par Thierry Guichard sortait en novembre, autour d'un dossier sur « l'année Goldoni », en commémoration du bicentenaire de la mort du dramaturge italien. Entièrement réalisé par des bénévoles, il ne contient aucune publicité. Il fonctionne en grande partie grâce à la fidélité de ses abonnés. Il est constitué principalement d'entretiens avec des écrivains et des éditeurs, d'articles de fond, de critiques de romans, d'essais, de pièces de théâtre et de recueils de poésie. Les créateurs considèrent que la littérature est nécessaire. Qu’elle n’est pas seulement un loisir mais un apprentissage permanent de la vie, ou de ce que la vie pourrait être. Qu’elle est le lieu où s’exprime de l’indicible en même temps que de la pensée, des émotions, des passions. Ni accessoire, ni frivole, la littérature s'affiche clairement ici comme interrogation sur le monde ainsi que sur l'homme et revendique aussi toute la dimension potentielle d'un contre-pouvoir, celui d'affûter les esprits "face aux cinq cents mots de la communication de masse, face aux slogans, aux clichés, aux campagnes de marketing, au temps affolé qui nous fera fêter deux ans de suite le nouveau millénaire", en dressant "ses mots, ses silences, ses espaces, son temps retrouvé, ses destins." (édito du N° 29). Cette revue indépendante, tout en suivant l'actualité, ne tombe jamais pour autant dans le consensus mou. N'attendez pas d'articles complaisants et bâclés sur le dernier roman à la mode. Même le traitement de certains auteurs médiatisés à outrance diffère : Christine Angot par exemple, en qui –prenant le contre-pied de l'image qu'elle véhicule – la rédaction nous invite à voir l'écrivain derrière la bête médiatique ( N° 21). Mais Le matricule des anges donne aussi et surtout la parole à des auteurs moins tapageusement connus, français et étrangers, fait connaître des premiers romans, de petites maisons d'édition, valorise des métiers du livre qui s'oublient, sort de l'ombre des écrivains injustement méconnus. Bref, une revue exigeante et foisonnante, qui ouvre l'horizon de la création littéraire contemporaine. Dans son numéro de février, LMDA propose — outre un excellent dossier sur l’écrivain Bernard Noël et une invitation à la découverte de la petite maison d’édition béarnaise Atelier In8, qui joue les agitatrices de talents au service de la nouvelle — plusieurs articles en lien avec la vie des livres en Poitou-Charentes. On trouvera aussi plusieurs articles signés Thierry Guinhut, écrivain et critique littéraire originaire de Niort, une note sur Purulence, d’Amoreena Wincler, la présentation de la très belle anthologie que Thierry Groensteen consacre au maestro italien de la littérature enfantine Antonio Rubino, et enfin, l’article que Richard Blin consacre au livre de Jean Rodier En remontant les ruisseaux sur l’Aubrac et la Margeride, publié en janvier.

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