mardi 3 juin 2008

Désir Prudence




free music



Lust Caution () d'Ang Lee (janvier 2008)

Un de ces films qui après l'avoir vu,
vous laisse une sensation mitigée totalement indéfinissable...


En Chine, à Hongkong et Shanghai en particulier, sous l’occupation Japonaise, pendant la Seconde guerre mondiale, une jeune étudiante (Tang Wei dont c'est la 1ère prestation, à retenir cette actrice !!) est recrutée par le chef d’un groupe militant (Wang Lee Hom idem 1ère prestation, c'est surtout un musicien) sous le couvert d'une troupe théâtrale, pour interpréter le rôle de sa vie : séduire un homme de pouvoir (Tony Leung Chiu Wai "In The Mood For Love""2046" et 3 autres Wong Kar-Wai, prix d'interprétation masculine en 2000 à Cannes) qui collabore avec les autorités japonaises et user de sa séduction naturelle pour le démolir. Afin d'entrer dans l'intimité de sa cible, Wong Chia Chi cède mécaniquement sa virginité à l'un des conspirateurs, pour ne pas paraître trop gauche face à l'en­nemi. Puis elle se lie d'amitié avec l'épouse oisive de Yee, se fait passer pour la femme d'un businessman local et s'immisce dans l'entourage de sa proie pour le prendre dans ses rets.

Wang Lee Hom

Tang Wei

Tang Wei & Tony Leung

Naïfs, idéalistes, ce groupe va être brutalement confronté au monde réel et amené à sacrifier bien plus que ce à quoi il était prêt. Trois ans après leur tentative avortée, une occasion de poursuivre leur plan se présente car Yee est maintenant ministre dans le gouvernement collaborationniste de Wang Jingwei (proche de Sun Yat-Sen un certain temps). Ils sont recrutés par les services secrets du Guomindang (KMT - parti populaire). Yee, joué par un Tony Leung au charisme habituel à fleur de pellicule (à l'instar de l'autre Tony Leung d'ailleurs), courtois et raffiné en public, défoule sur Chia Chi ses pulsions dominatrices voire limites SM (ce qui a valu des interdictions de projection à ce film dans certains pays pour cause de scènes de sexe trop "explicites"). Au début méfiant, il se laisse pourtant amadouer par la douceur et l'équanimité de la jeune femme. Cet acteur fétiche de Wong Kar-Wai ("My blueberry Nights" le dernier Kar-Wai) est une véritable bombe de sensualité. Mais cela je l'ai déjà remarqué dans bon nombre de films asiatiques... ils sont passés maitres dans l'art de l'esthétique, je le dis tout le temps... et cet esthétisme va au-delà de la beauté pure et parfaite de leurs prises... le jeu des acteur est tout simplement incroyable !! alors, bon, bien sur, il y a quelques bémols, qu'ils ne mettrons pas longtemps à arranger, surtout la génération des nouveaux réalisateurs... ces bémols sont pour ma part, un coté un peu trop figé dans le jeu, répétitif, et certaines facette du jeu d'acteur leur sont encore "inaccessibles"... Sauf pour Tony Leung qui est un acteur déjà bien aguerri, qui maitrise parfaitement le polymorphisme de son visage... il sait en une seconde passer du sourire ravageur à la plus profonde douleur... c'est impressionnant !!

Tony Leung

ça c'est le coté positif, le négatif vient du réalisateur lui-même en fait...
Ang Lee, souvenez-vous, ce n'est pas vieux, c'est "Le Secret de Brokeback Mountain", mais surtout l'énorme "Raison & Sentiments" (Jane Austin). Et justement, la raison, les sentiments c'est ce qui semble servir de moteur à ce réalisateur capable de très bons films comme de superbes navets blockbusters "Hulk"... Et comme dans Brokeback Mountain, on retrouve les questions et les tourments de l'être humain face à ses sentiments, à sa condition socio-culturelle...
Adapté d'une nouvelle de la romancière chinoise Eileen Chang, ­écrite à la fin des années 60, l'histoire serait authentique; celle en 1939, d'une espionne qui aurait servi ainsi d'appât pour le chef des services secrets des collabos, considéré par le parti nationaliste comme un traître, un certain Ting Mo-ts'un. Pratique typique, de personnages féminins, voués par abnégation à tendre un piège à l'ennemi par le "stratagème de la beauté".
A noter quelques références directes à Alfred Hitchcock, ici une affiche et un passage du film Soupçons, là une scène d'assassinat et une mise en relief des objets comme dans Le Rideau déchiré.

A ceux qui trouvent un côté Shanghai Express dans Lust, Caution, où l'héroïne se livre à des scènes érotiques soi disant, sans précédent dans le cinéma asiatique, je leur dis de retourner à leurs classiques "L'empire des Sens","L'Amant" (avec Tony Leung Kai Fai) par exemple. Le cinéma asiatique est justement un des rares à oser la sensualité très érotique... mais bien sur, ça dérange ou au contraire ça intrigue... et ce sont ces mêmes qui diront que "Le Dernier Tango à Paris" est un chef d'œuvre (avec la même scène)... faudrait savoir hein... ça se rue dans les salles obscures baver devant du "Basic Instinct" et ça se cache les yeux devant un Lust Caution... "cachez cette nudité que je ne saurai voir !!" et puisque voir il faut, est-ce un hasard si l'instinct basique l'emporte sur l'empire des sens? ou n'est-ce que la juste réalité du primaire qui nous habite?

Pour ceux que ça intéresse, la BO est tirée Brahms Intermezzo in A (la) maj. Op. 118 no.2
Le Lion d'or qui a primé ce film à la Mostra de Venise en 2007 a été vivement critiquée, et le président du jury Zhang Yimou ("épouses & concubines""Hero" entre autres) accusé d'avoir favorisé un compatriote... Je ne sais pas si ça valait un Lion d'Or ou pas, mais je sais que c'est un film qui ne m'a pas laissée indifférente...

AlleZ, ça fait longtemps, une petite BA signée Allociné (donc lente à dll)




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