Elia Suleiman
Elia dans Intervention Divine
Ce réalisateur n'a pas une grande expérience en terme de productions à proprement parler... mais ça n'empêche pas son génie, loin s'en faut !! ce n'est pas la quantité... bla bla bla...
Avoir vécu à New-York pendant plusieurs années ne lui a pas fait oublier ses origines, c'est peut-être même ce passage par Big Apple qui a exacerbé son sens de l'humour si particulier... auto-dérision, corrosif jusqu'à la pointe du détail, ironique voire sardonique voilà les ingrédients de ses deux longs métrages Intervention Divine (en sélection officielle à Cannes 2002, dont il remporte le prix du jury) et Chronique d'un disparition primé à Venise en 1996...
Je parlais il y a peu sur ce blog des longueurs difficiles à gérer au cinéma, des silences encore plus durs à négocier... eh bien lui, il réussit le tour de force de mélanger les deux sans que jamais le film ne tombe dans la lassitude... Certes, il n'y a peut-être pas de poésie éclabousante comme chez Angelopoulos, mais il y a tout le reste... resultat, la magie est au rendez-vous... Je me souviens avoir beaucoup rigolé pendant la projection d'Intevention Divine au Mercury, et bien sur, j'ai été criblée de regards réprobateurs, car n'est pas convenable de rire pendant un film "serieux", surtout si le thème principal est le conflit Israelo-paléstinien... n'empêche que les coincés du luc je leur dis pwet, et je vais pas me priver de rire devant le nombre incalculable de situations burlesques à la Tati ou Keaton, que ce cinéaste ose mettre dans ses films, qu'il agrémente en plus de sa personne, puisqu'il joue dans ses propres ficitons... Mais ce qui fait son originalité, c'est cette faculté à mélanger dans une même scène le drame et l'humour, la gravité et le rire et à les enchainer sur une heure trente au moins... ça c'est du talent brut !!
La caméra est très présente, presque un personnage, avec une qualité irréprochable (pas autant que le cinéma coréen, j'insiste encore et toujours là dessus), sans techniques particulières, pas de chichis, pas d'originalité ni dans le tournage, ni dans les prises, juste un sens inné et massacrant de la dérision...
Il fait partie de ces réalisateurs avec lesquels je pense sincérement qu'il faudra compter. Des réalisateurs à thèmes, à sujets, à messages avec de petits moyens et de grands résultats...
Voilà pourquoi j'apprécie tant ce réalisateur et je trouve bien dommage que la critique ne lui consacre pas plus d'attention... comme toujours il faudra attendre qu'il fasse une dizaine de films, pour qu'il soit reconnu... Et encore, c'est pas gagné, ce genre de cinéma reste en France encore bien trop intimiste, alors qu'il ne devrait pas !! Il n'y a pas que les grosses vannes bien grasses de pseudo humoristes en cours de reconversion pour faire rire... et quand je dis humoristes, je pense à des Dubosc, Elmaleh, Seimoun et bien sur le ch'ti dont j'ai zappé le nom temporairement... que l'on me montre un film réalisé par un humoriste qui soit drole et je dirai ok sans pb, je ne cherche pas à faire de l'élitisme... mais chacun son truc, j'aimerais savoir peindre, dessiner, sculpter, danser et bien d'autres choses encore... mais je ne sais pas... bah c'est tout... à force de vouloir toucher à tout on finit par ne rien éffleurer...
Allez un dernier petit extrait pour le plaisir des gourmands...
2 commentaires:
Pour la critique, c'est réparé grâce à toi ;-)
Pour l'extrait, je me serais associé à ton rire, au Mercury ou ailleurs. C'est top.
Ce plan fixe qui prend le temps de nous montrer l'ordinaire prépare bien à la surprise.
Merci.
ah Claudio ça me fait vraiment plaisir que tu aies apprécié !! Ce post n'aura pas été vain :))
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