jeudi 5 juillet 2007

Cannes Première


Et voilà !!! Encore une qui s’est cassée la figure !!! Bon qu’est-ce qu’elle fait ? Elle se relève ou pas ? Ouais bon apparemment il faut que j’aille l’aider… Merde je vais mouiller mon costume moi avec cette flotte… Bon, tu ne bouges pas, je la remets sur pieds et je reviens de suite…

Ca y est, elle repart… un peu bancale mais bon… Mon journal… où j’ai posé mon journal intime? Ah le voilà… Je disais donc… Ah oui… premier festival de Cannes…

Je me suis fait la promesse de choper un producteur… n’importe lequel, pourvu qu’il veuille bien produire mon film… Sauf, l’autre là qui fait des films comme qui dirait pas très conventionnels quoi… le genre de film où les dialogues et la mise en scène sont pas vraiment primés au festival de Cannes et surtout qui sont pas trop trop importants…

Nan parce que ça c’est un coup à se voir refusé ici mais même aux Hots d’or pour non respect des protocoles… Nan me faut un producteur… comment dire… enfin je me comprends… Alors… j’ai bien repéré tous les noms dans le journal du festival… je sais exactement qui vient, quand et dans quel hotel il est…

Bon, le problème, comment je vais m’y prendre… Hier, jour de repos, j’ai bien essayé d’aller sur place pour voir… faire un repérage des lieux en somme… que dalle… rien à faire … une foule… mais alors une foule…purée… impossible de simplement traverser la rue pour arriver jusqu’aux marches… tout simplement pas négociable… non il faut que je m’y prenne autrement… Pis franchement, j’ai pas aimé ça moi, tête inconnue dans une mer de têtes toutes aussi inconnues… j’avais l’impression d’être une chèvre du troupeau de Mr Seguin, sauf que moi je suis moins maline que la chèvre (quel constat !!) j’ai pas réussi à m’échapper… et ces vigiles tout partout qui vous poussent pour pas dépasser la ligne… le mur de Berlin est tombé, la ligne Maginot a été contournée, mais la petite bande blanche peinte par les ouvriers de la ville sur la chaussée à Cannes, personne ne peut la franchir celle là… J’aurai bien essayé de négocier avec l’un d’entre eux, mais avec tout ce monde pas possible d’avoir une conversation privée… Non faut que je m’y prenne autrement…

Qu’est-ce qu’il veut lui ? Il a pas vu l’écriteau ou quoi ? « Hôtel fermé pour cause travaux »… L’accès est accordé uniquement aux résidents privilégiés… Ceux qu’on n’a pas pu déloger en fait… Encore un touriste qui vient assister au festival et qu’a pas réservé ça… Bon il va me regarder combien de temps comme ça encore ? Qu’est-ce qu’il a le petit tonneau ? Y veut des toilettes ? L’a qu’à aller à coté… Qu’est-ce qu… merde c’est un clochard… ah nan hein, moi je donne plus !!! va faire la manche à coté (bah oui aussi)… Qu’est-ce qu’il…. ? Qu’est-ce que c’est ça ? Un papier? Il cherche une adresse peut-être… C’est même pas en français, gros malin… Ca doit être un réfugié politique ça… et pourquoi c’est moi qu’il vient voir ? je ressemble à une employée d’ambassade ou quoi ? Ah il se tire… tant mieux… aller hop, papier, poubelle….

« Come and see me tomorrow at the Palais des Festivals, I’ve read your screenplay and I’m interested... give this ticket to enter. George Lucas»*

* « Venez me voir demain au Palais de Festivals, j’ai lu votre scenario et je suis intéressé… donnez ce billet pour entrer. Georges Lucas »

Objet: Concours des jeunes réalisateurs

Cher participant(e),

Après lecture de votre scénario dont nous avons grandement apprécié la trame, nous sommes cependant au regret de vous annoncer que votre projet n’a pas été retenu… Nous vous encourageons malgré tout très vivement à persévérer dans cette voie…

Avec notre soutien les organisateurs du festival

- Bon eh bien ce n’est encore pas cette année que je quitterai mon poste de concierge…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

à la fois drôle et touchant.
Pour en revenir à la fin, à la lettre de refus, une petite anecdote. J'ai vu un docu à Cannes cette année, dans un festoche off. Un premier docu pas bien fait techniquement, mais que j'ai trouvé personnellement super, pour un tas de raisons que je ne développerai pas. Ensuite il y avait un débat. Moi, je ne connais pas "le monde" du cinéma, si tant est qu'il y en ait un. Mais j'ai été un peu surprise, désagréablement cela va sans dire, par la teneur de ce débat, au moins certains aspects. Voilàtypas que des gens bien intentionnés ont dit à l'auteur, en substance, que "ce n'était pas ça le cinéma", qu'on ne faisait pas ça au cinéma. Je vous passe les détails de ce qu'était le "ça" en question, parce que ça n'a aucune importance, mais je suis un peu restée sur le cul.
Je croyais bêtement que lorsqu'on faisait un film, un livre, une chanson, on faisait ce qu'on voulait. Je ne pensais pas qu'il y avait un cahier des charges à respecter. Attention, je ne parle pas production ici, je ne parle pas retour sur investissement (là, je pourrais le comprendre), je parle tout simplement art. Comment peut-on dire qu'on ne DOIT pas faire un truc au cinéma?? A mon grand soulagement, il s'est trouvé une grande gueule dans la salle, cinéphile de surcroit, qui a remis à sa place cette bande de peigne-cul, en disant qu'une bonne partie de l'histoire du cinéma s'était faite avec des trucs qu'on n'était pas sensé faire. Ouf. Parce que moi qui croyais que la liberté, de thématique et de méthode, était quelque chose allant de soi dans ce milieu, j'ai été déçue du voyage!

Sijavéssu a dit…

je te remercie sincèrement Clo, ça me fait vraiment plaisir... à la vérité, je n'en suis pas nécessairement fière de celui là, je le trouve un peu "faiblard", manque de substance... je sais pas comment expliquer... manque de rythme peut-être...
Impressionnant le petit monde de Don Pelliculo hein? Mais en fait, c'est particulier à la France ce snobisme déplacé et mal venu... on a tendance à se la péter et parfois sur des points où il faudrait mieux faire fomec... pour être apprécié en France faut l’être d’abord à l’étranger et surtout en GB et aux USA… alors qu’à coté on défend férocement la production intellectuelle française et que l’on refuse d’être mis dans le même sac que les autres…
Quand il y avait le collectif des Diables Bleus, je suis allée à une soirée projection... c'était dreamland... j'ai du me taper DEUX fois la même projection d'un super8 de la plage de Nice... la plage, et uniquement ça... et chacun de s'extasier car la réalisatrice avait fait un montage donc on voyait apparaitre et disparaitre les gens... trop puissant non? 26 minutes quand même la performance copperfieldienne... et quand j'ai parlé de mes projets, idem on m'a dit "le néo cinéma (allons bon...) c'est de ne pas suivre un début, un milieu et une fin..." et moi évidemment de répondre "bah qu'on soit déjà capables de faire BIEN un début-milieu-fin on verra après pour le désordre" et me suis fait pourrir... à côté de ça tu avais de supers projets vraiment intéressants, bien dérangeants, bien montés que ce soit d’un point de vue artistique, technique ou scénaristique, mais que nenni ma chère !! les quinquas pétard à la main pour avoir l’air plus « coooool » réinventent Breton !! il faut être up side down… ça pour l’être, y a aucun doute… sauf sur ce que tu vaux, fais et sur tes ambitions...

Sijavéssu a dit…

l'espace d'un instant je nous ai vues comme les Vamps, sur un banc... je sais pas pourquoi cette image m'est venue... ça va pas mieux...