mardi 8 mai 2007

Pendant que la France...

... s'empaille sur les raisons qui ont propulsé Sarko et vautré Ségo, ailleurs, pas très loin...
L'Irlande se reveille doucement de son long, bien trop long coma...

Sans renier une vie d'intransigeance et de fureur, Ian Paisley va gouverner à Belfast avec ses ennemis de plus de trente ans.

À BIENTÔT 81 ans, Ian Paisley a fini par dire oui. Épilogue d'une vie publique d'un demi-siècle de refus, de vetos et de fins de non-recevoir, le pasteur protestant a accepté de devenir le chef du ­gouvernement d'Irlande du Nord. Avec comme adjoint Martin Mc Guin­­ness, ce catholique et ancien chef de l'IRA qu'il traitait il n'y a pas si longtemps de « terroriste ».
Avec les années, l'imposante ­silhouette du révérend Paisley s'est tassée, le pas s'est ralenti, mais la détermination est restée intacte, comme à l'époque où il truffait ses discours de « Jamais, jamais, jamais... » et autres « Ne cédons pas d'un pouce. »
Sa vie est un roman. Qui peut aujourd'hui se targuer sur la ­scène internationale d'avoir entamé son combat politique alors que le ­président Harry Truman ordonnait le bombardement d'Hiroshima ? La longévité ne résume pas Ian ­Paisley. Il a aussi la particu­larité d'avoir fondé son Église presbytérienne libre en 1951 et sa formation politique, le Parti unio­niste démocratique (DUP), en 1970. Il a même réussi à transformer cette mouvance ultraprotestante en première force politique de l'Ulster, avec 36 des 108 sièges à l'Assemblée régio­nale.
Le voilà rassembleur, lui, le loyaliste extrême qui menaçait de tuer quiconque se mettrait en travers de son chemin. Sa personnalité est complexe. Il dit prier pour ses adversaires à la nuit tombée. Élu de la circonscription d'Antrim Nord, il a défendu ses habitants sans discrimination religieuse ni politique. « À chaque élection, et notamment pour Westminster, il reçoit des voix des catholiques », signale Stefan Wolff. Ce professeur à l'université de Nottingham rappelle aussi qu'en 1973, Paisley a fait capoter l'accord de paix de Sunningdale tout en se préparant à gouverner avec les nationalistes catholiques du SDLP.
Né en avril 1926 dans le comté d'Armagh, ce fils de pasteur baptiste est ordonné à l'âge de vingt ans. Très vite, ce fort caractère se fâche avec sa hiérarchie. Elle lui refuse de prêcher les évangiles. Il claque la porte et crée sa propre Église. Ses prêches anticatho­liques sont relayés par un journal lancé à cet effet - le Protestant Telegraph. Il y fait ses premières armes politiques. En 1988, le jusqu'au-boutisme du membre de l'ordre d'Orange éclate lorsque, au Parlement européen, il qualifie le pape Jean-Paul II d'« antéchrist ».
Engagement religieux et lutte politique ne font qu'un. L'aversion de Ian Paisley pour les catholiques - « (Ils) se reproduisent comme des lapins et se multiplient comme la vermine » - n'a d'égal que son rejet de la branche poli­tique de l'IRA, Sinn Féin, dont les membres sont traités avec régularité d'« assassins ».
Deux mots à la bouche : non, jamais
Dès 1956, Ian Paisley rejoint les loyalistes de l'Ulster Protestant Action. Objectif : organiser des patrouilles, ériger des barricades pour se protéger d'une IRA qui se contente à l'époque d'actions le long de la frontière. En 1964, le pasteur demande le retrait d'un drapeau aux couleurs irlandaises suspendu par bravade à la fenêtre du bureau de Sinn Féin. Deux journées d'émeutes s'ensuivent. Ce jour-là débute un face-à-face de plus de trente ans entre Ian Paisley et Gerry Adams, aujourd'hui leader de Sinn Féin.
Manifestations, séjours en ­prison, élections, discours virulents... Le style Paisley se forge, fait de fureur et d'intransigeance. Acariâtre, le pasteur a deux mots à la bouche : non, jamais. L'accord anglo-irlandais de 1985, soutenu par Margaret Thatcher ? No ! Pour casser le texte, Ian Paisley met sur pied Ulster Resistance, une organisation dont les membres portent des bérets rouges. On l'ac­cuse de flirter avec les groupes parami­litaires. Les accords du vendredi saint en 1998 ? No ! Malgré sa loyauté à la couronne et sa susceptibilité sur toute dilution de la souveraineté britannique, le pasteur raille Élisabeth II, ravalée au rang de « perroquet de Tony Blair ».
En imposant aux unionistes un gouvernement partagé avec Sinn Féin, Ian Paisley a arraché un compromis historique. « Il va laisser une image très positive dans l'histoire, qu'il n'aurait pas eue au regard de sa vie anté­rieure », analyse Eamon Phoenix, professeur au Stranmillis University College de Belfast. Père de cinq enfants, grand-père, ce négociateur adepte des coups de poker disait depuis quelques semaines que seule la paix l'intéressait, « la paix dans le pays que j'aime, pour ses familles et ses enfants ».

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme quoi.
Il n' y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et ceux qui pensent que les vieux sont plus bêtes que les jeunes (il y en a) sont priés d'y réfléchir.

Sijavéssu a dit…

C'est clair...
50 ans de temps de réflexion c'est long... 50 ans pour défendre des valeurs auxquelles on croit plus que tout c'est relatif...
Ce qui était valable hier ne l'est pas forcément aujourd'hui et peut-être encore moins demain...
Bien évidemment que l'âge n'a rien à voir... dans beaucoup de domaines d'ailleurs... sauf peut-être pour la minorité (les –18ans)…

Anonyme a dit…

Oui,un personnage de roman irlandais ...,Beckett disait (attention traduction approximative!): "mes plus belles années sont passées, mais je ne voudrais qu'elles reviennent, pas avec le feu qui est en moi maintenant". je ne sais pas pourquoi ça me fait penser à ça

Anonyme a dit…

il y a quelques jours j'ai failli rouspéter parce qu'il roupillait ce blog :) (même si je sais que t'as des exams). Mais je vois qu'on n'a pas attendu pour rien! Merci pour ce gros calibre d'analyse qu'on ne risque pas d'entendre au 20h!

Anonyme a dit…

Merci pour vos com de qualité par des gens de qualité :)
Le blog risque de pioncer un chouia, ainsi que mes prestations, sur ceux des voisins, toujours très attendues n'est-ce pas car je n'ai plus de connexion...

DevinéKiSé