lundi 31 mars 2008

2 Paris pour 1 regard...

Info!! L'association Entre'L dont la présidente est colistière sur la liste Nice Autrement a récolté 1200€ pour le Sidaction lors de sa manifestation organisée samedi... Bravo Fran !!

Je me suis plantée, au lieu de regarder "Paris" de Klapisch, j'ai vu "Dans Paris" d'Honoré... Il se trouve que Romain Duris joue dans les deux... résultat deux critiques pour le même prix... c'est tout bon nan?

Dans Paris de Christophe Honoré (octobre 2006)


C'est tout simplement énorme !! Purée, je passe mon temps à chercher des films de cette qualité et j'arrive encore à en rater autant? mais qu'est-ce que je fais moi? hein? on se le demande...

techniquement: plans longs et lents très bien maitrisés qui ne lambinent pas et surtout ne lassent pas... beaucoup de sombre, de flou, de nuit aussi... à noter une scène d'insertion jour-nuit du plus bel effet... Garrel est sur le balcon le matin, ext jour donc et il fait coucou à sa mère sur la chaussée alors que celle çi s'y trouve dans une autre scène jouée plus loin et de nuit... on a donc Garrel gros plan ext jour qui fait signe à sa mère plus bas en ext nuit et qui lui répond... ah purée, ça c'est bon !! Bon choix de mixage audio, c'est important...

artistiquement: excellente réalisation !! je me suis crue dans du Resnais par moment notamment au début du film, c'est dire... Des dialogues, du déjanté, de la consistance, de la matière, des acteurs bien dirigés... et des idées...
A noter, deux prestations dignes de l'actors studio (bien que ce soit loin d'être une ref pour moi) Romain Duris tétanisant dans ses angoisses et carrément bluffant dans ses crises de larmes...
Guy Marchant magistral en père inquiet et un peu paumé face à la dépression du rejeton Duris...
Magnifique film introspectif où les thèmes sont bien creusés et non survolés comme souvent... des acteurs qui ne tremblent pas devant la caméra et une caméra qui se fait discrète, discrète au point d'en devenir témoin sans tomber dans le voyeurisme... j'insiste encore sur le jeu des acteurs, car (à part une scène ou deux qui m'ont paru surjouées) la direction est excellente, rares sont les films qui me font oublier tout le coté technique, or, là c'est le cas... une telle intensité dans l'interprétation, même des plans mineurs qui fait vivre les scènes, et purée quand le cinéma est bon à ce point il faut le signaler !!!!
Résumé: quoi de mieux qu'une BA sous-titrée US?


et une autre sans sous-titrage (allociné donc quelques lenteurs au dll)


une scène m'a particulièrement émue en vidéo:


Paris de Cédric Klapisch (février 2008)



Malheureusement la concurrence n'aura pas été de taille... le détail... Je reste très mitigée sur ce film... de très bons passages mais une sensation globale frustrante d'inassouvi...
techniquement:
les moins: certains plans voire mêmes des scènes trop long à mon gout... c'est une manie depuis quelques temps de faire des longueurs... c'est que ce n'est pas facile à gérer le rythme et les lenteurs, les longueurs plus encore que tout autre moyen rythmique... on tombe très vite dans une paresse réalisationnelle qui n'est pas forcément le but recherché et rédhibitoire chez moi...
les plus: un bon point pour Cédric, l'impression par moment d'assister à un micro-trottoir (interview sans montage de gens dans la rue) notamment certaines scènes de marché, c'est sympa...
La contradiction image/son sur un passage, où l'on a une musique velours slow (Wax Tailor) sur des images de chorégraphie plutôt Moulin Rouge... ça le fait bien...
Bien vue l'idée de ces petits détails historiques offerts à dose homéopathique concernant Paris... très bien vue et maitrisée... en plus, perso j'ai toujours une petite faiblesse pour ces scènes qui montrent ce qu'est la réalisation cinématographique et surtout les prises de vue... ça donne un coté bag in box qui me fait toujours de l'effet...

artistiquement: le traitement de certains sujets est un peu light à mon sens, cependant aborder des thèmes tels que la mort, il n'y a selon moi que 2 moyens, le pathos ou le rire, Cédric a choisi l'entre deux... fallait oser, reconnaissons lui cela... pareil pour l'amour, là il s'est un peu plus creusé, et on arrive à une réflexion assez sympa mais qui creuse peu... trop peu...
Par moments, un humour très fin, léger, limite brumeux et pourtant très incisif...

Des personnages bien hauts en couleur pour certains, je pense notamment à la boulangère (belle performance de Karin Viard) si crédible qu'elle m'en a donné la nausée...
un Lucchini toujours grandiose, égal à lui même j'aimerais bien le voir jouer un peu à contre courant, mais bon c'est mon côté empêcheuse de tourner en rond là je chipote... Pour moi ce type est capable de tout jouer, alors pourquoi ne pas lui faire reculer ses limites? il fait partie de cette race d'acteurs, rare, très rare, capables de scotcher le spectateur sur son siège... il fait partie de ses acteurs que j'aimerais diriger...
Un Romain Duris qui tente d'arrêter l'écoulement du sablier, le temps de lui voler quelques moments suspendus dans l'air, des souvenirs pour en créer de nouveaux... une fois encore il prouve sa capacité métamorphe, là aussi un acteur qui (se) donne énormément...
Une Juliette Binoche que j'ai trouvé un peu en sous régime, mais peut-être est-ce du à son personnage désabusé, un chouia fataliste et blasé...
Cluzet très bon encore une fois... comme souvent dirais-je...

Par contre un truc qui m'horripile mais d'une force, c'est cette tendance depuis des années à nous balancer une scène de dégobillage !! c'est pas croyable ça !! dans un polar les types gerboulent à la première scène de crime, dans un drame ça le fait dès que la tension est trop forte... nouveau signe distinctif de la sensibilité humaine... mouarf !! Les Nuls avaient abordé ce fait je crois dans leur film, "La cité de la peur" où un Dominique Farrugia vomissait dès qu'il était heureux... il semblerait que le message ne soit pas passé...
Tiens pour la peine... Youpiiii dansons la cariocaaaaa... c'est bien faisez tous comme môa...



à noter le passage total surréaliste d'un Lucchini prof d'histoire qui envoie ce texto à une de ses étudiantes "suis à la fac avec toi, t es bel, jte kiff trop grav" c'est énoooorme...

résumé en images (allociné) :



pour le dial j'ai retenu celui entre De Cluzet et sa femme:
lui: Ça veut dire quoi être normal?
elle: je sais pas, ça veut rien dire
lui: c'est Roland, il m'a dit que j'étais normal
elle: qu'il aille se faire soigner ton frère, c'est lui qu'est pas normal
lui: ben justement c'est ce qu'il a dit aussi, il va se faire soigner justement. Il a dit qu'il allait voir un psy
elle: ah bon? pourquoi?
lui: je sais pas. Il dit que ça va pas en ce moment, qu'il est en dépression. Il m'a dit aussi que moi je faisais toujours TOUT bien. Je fais toujours TOUT bien moi? hmm?
elle: ben non !
lui: c'est ce que je lui ai dit
elle: ah non... franchement non ! pas spécialement... Pour plein de choses t'es extrêmement à coté de la plaque. Y a plein de projets que tu fais qui ne sont franchement pas... Y a même des choses que tu rates complètement alors... Non franchement je trouve pas ça juste...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je ne me souviens plus sir je te l'ai dit à toi, ou si tu le sais déjà, mais si tu ne l'as déjà fait, précipite toi sur les bouquins d'Honoré. Vraiment bien (bon par contre, y a des moments où on a un peu, réellement, envie de vomir, désolée hein, décidément...).
Y compris ceux pour les enfants, que les adultes peuvent très bien lire.
par contre, avec tous ses films il est chiant, il n'écrit plus...