Soy Cuba - Mikhaïl Kalatozov
Mikhaïl Kalatozov débute en 1925 en tant qu'acteur sous son véritable nom, Kalatozichvili, dans un film de Perestiani. En 1927, il fait ses premiers pas dans la technique cinématographique comme cameraman dans les studios géorgiens et travaille à différents scénarios. En 1939 il réalise 'Le Courage' et entame une carrière de cinéma patriotique avec 'Valeri Tchkalov' en 1941, 'Les Invincibles' en 1943 et 'La Conspiration des condamnés' en 1950. En 1954 Mikhaïl Kalatozov réalise l'une des rares comédies soviétique de l'époque : 'Trois hommes sur un radeau'. Mais c'est en 1957 avec 'Quand passent les cigognes', une description sans complaisance de l'URSS pendant la seconde guerre, qu'il marque le réveil du cinéma soviétique. Il obtient en 1958 la Palme d'or pour ce film. Il a ensuite réalisé d'autres films et des reportages dont les plus connus sont 'Soy Cuba ! ' en 1964 et 'La Tente rouge' en 1971. Victime de la censure 'Soy Cuba' est sorti seulement en 2003 en France ! Le reportage a connu d'innombrables péripéties dont une interdiction sur le territoire américain et le déni des cubains. Ce film a été redécouvert en 1992 par des cinéphiles comme Coppola et Scorsese.
Vous trouverez une excellente analyse filmique de cette œuvre >>>> ici
Et là c’est mon point de vue trèèèès modeste juste après avoir vu le film…
Un film en N&B à consommer sans modération…
Techniquement on assiste à de belles prouesses, à fortiori pour un film des années 60 : jeux d’ombres et lumières, jeux avec la géométrie des formes, des plans inclinés, des prises de vue quasi satellitaires, alternance de scènes calmes et speed, bruyantes et muettes…
Un film ultra confidentiel ; on a l’honneur d’entrer dans les songes de Kalatozov. Là, il n’y a pas de héros, pas d’histoire « bien » ficelée où tout est couru d’avance… non, on attend, on espère l’image suivante avec une seule certitude… elle nous bouleversera… au fur et à mesure que les séquences avancent, la réalité occulte la fiction et l’horreur des situations devient plus insupportable…
Petit détail, le film est distribué en DVD par MK2 éditions, et devinez qui est derrière ?et oui c’est Mohsen Makhmalbaf dont je vous parlais récemment… Un iranien qui produit un russe qui réalise un film sur la révolution cubaine… ça l’fait non… ? Deux autres cinéastes me sont spontanément venus à l’esprit durant ce film : Elia Suleiman et Carlos Reygadas avec leur film respectif « Intervention Divine » et « Japon ».Le spectateur avale goulûment les frames, aussi amer le goût puisse t’il être…
Americain : si on s’amusait un peu ?
Cubaine : bien sur monsieur
Pour pouvoir la dessiner il prend son visage d’une main, elle a un mouvement de recul
Lui : de quoi as-tu peur ?
Elle : bien sur monsieur
Lui : on dirait que tout ce que tu sais dire en anglais, c’est bien sur monsieur… tu ne sais pas dire ‘non’ ?
Elle : je sais dire ‘non’ mais je ne dis pas ‘baby’
Lui : que sais tu dire d’autre en anglais ?
Elle : ‘argent’ monsieur
Ça c’est le texte de la voix off à chaque fin de séquence…
Séquence intro
« Je suis Cuba,
Une fois Christophe Colomb débarqua ici, il écrivit dans son journal :
‘C’est la terre la plus belle que des yeux humains aient contemplée’
Merci Mr Colomb
Quand vous m’avez vue pour la première fois
Je chantais et riais
Je saluais les voiles avec mes palmes
Je crus que vous apportiez le bonheur
Je suis Cuba
Mon sucre, les caravelles l’emportaient
Mes larmes, elles les laissaient
Quelle chose étrange que le sucre monsieur Colomb
Que de larmes en lui
Pourtant il est doux… »
Séquence 1
« Je suis Cuba,
Pourquoi fuis tu ?
Tu es venu ici pour t’amuser,
Amuse toi !
Peut-être le tableau n’est pas gai
Ne baisse pas les yeux
Regarde, je suis Cuba
Pour toi je suis des casinos, des bars, des hôtels
Mais les mains de ces enfants, de ces vieillards
C’est moi aussi »
Séquence 2
« Je suis Cuba,
Il me semble que mes palmiers furent arrosés de sang
Il me semble qu’autour de moi ce n’est pas la mer qui bouge
Mais les larmes du peuple
Qui répondra de ce sang ? Qui répondra de ces larmes ? »
Avant même d’entendre ce passage, je me suis dit « ces palmiers là, ne sont pas ceux de notre promenade, ils baignent dans la sueur du désespoir… » Inutile de vous dire ma fierté quand j’ai entendu ce passage… je me suis dit que j’étais bien dedans, que je ne passais pas à coté… quelle joie !!
Séquence 3
« Je suis Cuba,
Les hommes, à leur naissance, ont deux chemins
Celui du joug qui soumet ou celui de l’étoile qui éclaire
Et tu choisiras l’étoile
Dur sera le chemin qui sera jalonné de sang
Mais quand un homme tombera pour une cause juste
Quand il ne restera plus qu’un seul homme
Les pierres elles même se soulèveront
Je suis Cuba,
Les hommes quand ils naissent ont deux chemins
Tu choisiras l’étoile
Le chemin sera dur, il sera jalonné de notre sang
Séquence 4-1
« Je suis Cuba,
Voici les hommes sur lesquels, plus tard, on écrira mon nom
De toutes parts, ils viennent à la sierra
Ils viennent combattre»
Séquence 4-2
« Je suis Cuba,
Tes mains sont habituées à la charrue Mariano,
Maintenant elles tiennent un fusil
Tu tires, pas pour tuer…
Tu tires contre ton passé…
Tu tires pour la défense de ton avenir… »
« Soy Cuba,
Tus manos están acostumbradas al arado, Mariano
Ahora tienen un fusil
Tiras no para matar
Tiras contra tu pasado
Tiras para la defensa de tu futuro »
1 commentaire:
Mon petit Lutin c'est quand tu veux qu'on se fait un ciné
Un promeneur qui a trouvé ta cachette
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